Institut Ophélie
De Nathalie Garraud & Olivier Saccomano
Par David Léon
Il y a eut ce moment où les larmes nous sont montées.
En relais des larmes de l’acteur, la main sur le cœur, lorsqu’il évoque le nombre de morts, les ravages de
la Guerre, les oubliés.
La mémoire & les larmes.
Et c’est aussi d’avoir été bercé par la musique hypnotisé.
Par le ballets des portes & la musique, le mouvement des acteurs.
Et nous avons pensé : Pourvu que la musique ne s’arrête pas. Pourvu que cela dure, que la musique nous
enveloppe.
Que la parole surnage, comme au-dessus d’une vague – tout autant au-dedans – comme en deçà des flux
de la rivière, morte Ophélie pour les siècles des siècles.
« Qu’est-ce qu’une Femme ? »
« La Femme n’existe pas », nous disait Jacques Lacan, tant décrié.
C’est pourtant précisément cela que le spectacle, que le ballet Institut Ophélie met au travail.
La Femme n’existe pas, n’existent que des succédanés de femmes.
Et n’en déplaise à l’Homme, pour qui la femme n’est qu’un Objet, un objet Ophélie.
Une main coupée, à la table conjugale.
Un drapé qui recouvre un sein.
Des seins offerts sur un plateau dans la peinture de Francisco de Zurbarán.
Sainte Ophélie.
Une convulsion des corps.
Une robe noire tragique.
Une petite O / Folie.
Des lignes de fuite des portes, lignes d’erre de Fernand Deligny.
Faites attention une femme, peut en cacher une autre, en révéler une autre.
« Être empêché c’est un symptôme. Être inhibé, c’est un symptôme mis au musée », nous disait Jacques
Lacan.
Il y a eut ce moment où les larmes nous sont montées : Ô Solitude / Ophélie, allongée, les seins nus dans
le cœur du Musée.
La déambulation des hommes, pour les siècles des siècles, photographient, capturent. Ophélie une image.
Qu’est-ce qu’une femme impensée ? Qu’est-ce qu’une femme impensable ?
L’exhibition c’est l’action de produire, de faire voir, de donner à présenter, comme on présente une pièce
à conviction.
« Qu’est-ce qu’une femme ? »
Si c’était le symptôme de l’homme – mis au musée symptôme ? Ce que montre Institut Ophélie.