1er novembre, ce matin il fait un temps splendide. Ce n’est pas un jour pour mourir, d’autant que le prix du gaz nous entraîne vers une augmentation du coût des crémations…  Nous venons de battre un nouveau record d’inflation en France depuis 1985, avec une hausse des prix de + 6,2 % sur un an, selon les données provisoires publiées vendredi 28 octobre par l’Insee.


 

Une hausse des prix qui duuuuure depuis des mois et qui ne semble pas prête de s’arrêter, loin de là. Notre bon ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, qui a mis sa démission en balance pour s’opposer à un amendement taxant les superdividendes1, a déroulé ses objectifs en matière d’inflation. Il affirme vouloir la ramener à 5 % début 2023, 4 % fin 2023 et 2 % courant 2024, mais prévient qu’en cas de crise « tout pourrait voler en éclats ». Ce qui nous ramène à notre question : Si tout vole en éclat, pourra-t-on se payer un hot dog moutarde à noël ?

On peut faire confiance à Bruno Le Maire, le pouvoir d’achat des Français va prendre cher pour un temps, c’est entendu. Seule certitude, les actionnaires peuvent dormir tranquilles. Cette hausse de l’inflation serait due à l’accélération de la progression des prix de l’énergie, de l’alimentation et des produits manufacturés, précise l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). L’inflation est bien partie pour durer. La banque mondiale, les économistes et le locataire de Bercy tablent tous sur une hausse des prix pendant encore de longs mois, voire des années. C’est entendu, la petite musique de l’inflation va longtemps nous trotter dans la tête. Mais concrètement, les prix peuvent monter jusqu’où ?

Que ceux et celles qui doivent vider leur livret A pour aller faire un plein d’essence se rassurent, iels ne sont pas les seul.e.s à endurer la crise. C’est vrai qu’on peine à s’imaginer les déboires occasionnés par le coût d’entretien d’un méga-yacht — comment s’en passer, Bruno Le Maire nous le demande ! — de leurs propriétaires. On se plaint du coût des parkings en ville alors que nous pourrions nous estimer chanceux quand on sait que la place de port pour un grand yacht dépasse les 3 000 euros par jour. Tout ne vole pas encore en éclat pour les milliardaires. Mais pour ceux qui n’aurait pas envisagé suffisamment de marge dans leur budget, à plus de 100 000 € le coût du plein d’essence, ce dernier peut commencer à devenir dissuasif.

 

Le point mort d’inflation et la mort par inflation

 

En finance, pour calculer le point mort d’inflation il suffit, en théorie, de soustraire le taux de rendement réel de l’obligation indexée sur l’inflation au taux de rendement nominal de l’obligation classique. Cela paraît compliqué mais ça reste plus simple que de mesurer le nombre de morts en France lié à l’inflation. Sur ce point, l’Institut national de la statistique et des études économiques sèche complétement.

En ce jour religieux de la Toussaint listé dans le Code du Travail, il parait plus sage de se rabattre sur d’autres études économiques. Sur le site internet « Meilleures pompes funèbres.com », on apprend par exemple que se faire incinérer va coûter beaucoup plus cher. Le prix d’une crémation varie fortement, il est en moyenne aujourd’hui de 600 euros. Or, avec l’augmentation du prix du gaz, les tarifs vont grimper. Une étude sur le sujet avance une hausse estimée à 35 % ces deux prochaines années.

Cela correspond à une augmentation d’environ 236 euros, ont calculé les professionnels du secteur. L’augmentation s’explique parce que le gaz représente en moyenne 20 % des charges d’un crématorium. La majorité de ces établissements étant gérée en délégation de service public, les prix sont donc plafonnés par les mairies et les pompes funèbres qui doivent prendre en charge une partie du surcoût et vont le répercuter sur le commun des mortels. On ne va pas chipoter en ce jour où la foule innombrable de ceux et celles qui ont été vivants est à l’honneur, n’est-ce pas…

L’offre mondiale se raréfie, donc tout devient plus cher, c’est la loi du marché qui est comme ça nous dit-on. On en oublierait presque que les feuilles mortes tombent en automne.

Jean-marie Dinh

Notes:

  1. Les députés ont adopté mercredi 12 octobre en première lecture, contre l’avis du gouvernement, un amendement au budget pour 2023 visant à dissuader les grandes entreprises de distribuer des résultats exceptionnels en « superdividendes », par le biais d’une majoration temporaire d’une taxe. L’amendement au projet de loi de finances pour 2023 avait été déposé par le MoDem, qui fait partie du camp présidentiel, mais faisait l’objet d’un avis défavorable de l’exécutif. Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a ainsi mis en garde contre l’« effet signal » négatif d’un tel dispositif pour l’attractivité du pays.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.