Les fédérations méditerranéennes de FNE1 sont favorables à l’éolien flottant en mer, sous réserve de développer une filière la moins impactante et la moins polluante possible, et que les projets envisagés prennent en compte toutes les activités déjà présentes, dans un objectif de compatibilité entre activités et préservation de la biodiversité. Nous publions une contribution explicitant leur point de vue alors que le débat public vient de s’achever.


 

 

Le contexte du débat

 

Le débat public concernait deux parcs, chacun de 42 éoliennes, dont la puissance (750 MW par parc) serait en mesure d’alimenter annuellement près de trois millions d’habitants, selon les pouvoirs publics. Pour rappel, l’État français vise 40 % d’énergie renouvelable en 2030 avec un objectif d’installation de 1 000 MW d’éolien offshore en plus par an.

Les sites à déterminer en Méditerranée ne peuvent être localisés qu’ entre Fos-sur-Mer et Perpignan, bande latérale traversée par les vents. La consultation publique doit permettre de débattre de nombreux sujets ; le périmètre d’implantation certes, mais au-delà, leur pertinence, leur dimensionnement, les conflits d’usage, les perspectives économiques…

En Méditerranée, trois parcs pilotes de trois éoliennes doivent voir le jour d’ici 2022-23, au large de Gruissan, Leucate et Fos. Les organisateurs du débat doivent publier une synthèse d’ici la fin de l’année. L’État devra y répondre d’ici mars 2022… peu avant l’élection présidentielle.

 

Contribution de France Nature Environnement

 

Le débat public sur les éoliennes flottantes en Méditerranée vient de s’achever. Il s’agissait de projets commerciaux à venir, pas des 3 projets pilotes en cours dont on attend impatiemment la mise à l’eau. L’État souhaitait obtenir des indications pour positionner 2 projets, d’abord de 250 MW, avec possibilité d’extension ultérieure de 500 MW supplémentaires chacun. Un projet de 750 MW représente une surface d’environ 150 km² (2 fois la taille de l’étang de Thau). Ces parcs devront être positionnés à l’intérieur de macro-zones qui ont été définies et représentent 3 500 km² (entre les 12 milles nautiques et le début des canyons).

 

Un bon débat

 

Malgré la covid, pas mal de réunions publiques ont pu avoir lieu à côté de nombreux débats en ligne. Reconnaissons d’abord que le dossier était plutôt bien fait, très complet et cependant assez lisible car il était découpé en près de 50 fascicules, ce qui permettait de choisir les sujets à approfondir. De plus, ce dossier comprenait — et c’était la première fois — un début de cartographie pour visualiser la sensibilité de plusieurs espèces de poissons, d’oiseaux ou de mammifères, selon les zones.

Deuxièmement, la question de l’opportunité — faut-il mettre des éoliennes en Méditerranée ? — qui est un préalable à la question “où les mettre ?” a été très largement traitée par la CPDP (Commission particulière du débat public), ce qui est assez rare dans un débat public et doit être souligné. Troisièmement, ces projets commerciaux avaient été précédés par des projets pilotes afin de mieux cerner les enjeux possibles en Méditerranée.

 

Mais trop tôt

 

Hélas, les éoliennes pilotes ne sont pas encore réalisées et donc le retour d’expérience attendu pour positionner au mieux d’éventuelles éoliennes commerciales n’est pas là. Elles sont prévues, au mieux, fin 2022 et il faudrait compter au moins deux ans d’expérimentation pour en tirer les leçons. Ce débat a donc 3 ans d’avance. Nous avions alerté sur cette incohérence dès 2018, sans être écoutés. Le problème devient d’autant plus évident que de nombreuses recherches environnementales ont été lancées il y a moins d’un an et certaines, comme Migralion sur les oiseaux, doivent durer 3 ans. Une position fortement portée par FNE dans tous les débats a fait une quasi unanimité des participants : il faut retarder la décision du choix des sites de 3 ans car pour mettre en œuvre le “E” de la séquence « éviter, réduire, compenser », le choix des zones est essentiel. Et à ce jour, la connaissance scientifique est totalement insuffisante pour décider en tenant compte de l’environnement.

 

Le débat et après… le cahier des charges de l’appel d’offres

 

Le calendrier qui suit est aussi accéléré : deux mois pour avoir le compte-rendu du débat, puis trois mois pour que l’État décide du choix des zones, ensuite commenceront les appels à candidature. Si nous ne savons pas à ce jour ce que l’État retiendra de tout ce débat et des propositions, nous avons appris des choses intéressantes sur la suite. Le cahier des charges est élaboré entre l’État et les industriels qui souhaitent candidater à l’appel d’offre. FNE LR considère qu’une fois élaboré, ce cahier des charges doit être soumis aux citoyens ou au moins à une instance représentant l’ensemble des acteurs. La commission spécialisée éolienne du comité de façade maritime du littoral pourrait jouer ce rôle à condition qu’elle puisse amender ce cahier des charges pour tenir compte de l’environnement. En effet, force est de constater que pour définir les « macro-zones » susceptibles d’accueillir des éoliennes dans l’ensemble de la Méditerranée, seule a été prise en compte l’importance du vent ; toutes ces macro-zones sont en Natura 20002, donc dans des zones très sensibles pour la biodiversité. Forts de cette expérience, nous souhaitons que le poids donné à l’environnement dans ce cahier des charges ne soit pas sous le seul contrôle de l’État et des industriels. FNE LR va donc rester très attentive à la suite.

 

Maryse Arditi

membre du bureau de FNE Languedoc-Roussillon

Notes:

  1. France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement. Elle porte la parole d’un mouvement de 5 837 associations, regroupées au sein de 46 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer.
  2. Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent.
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