Semaine chargée pour les membres du collectif national mobilisés contre la proposition de loi Sécurité Globale. Reçue lundi place Beauvau, la coordination a estimé à la sortie de l’entretien avec le ministre de l’intérieur que les conditions d’un dialogue constructif  avec Gérald Darmanin n’étaient pas réunies. Sollicité par la coordination, le Premier ministre Jean Castex a accepté de la recevoir mais après l’interdiction de la Marche des libertés prévue samedi 28 novembre à Paris par le préfet Lallement, le collectif a décidé de braver cette interdiction. Il ne se rendra pas non plus  à l’invitation du Premier ministre. Retour sur les étapes de la semaine et lettre au préfet Lallement…


 

Après la mobilisation de samedi 21 novembre à Paris et partout sur le territoire national, la coordination plurielle (dont le SNJ-CGT, à l’initiative du mouvement) a été reçue lundi 23 novembre par M. Darmanin, au ministère de l’Intérieur.

Alors que la Commission européenne vient de rappeler que les journalistes devaient pouvoir « faire leur travail librement et en toute sécurité », alors que le Garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti émet de sérieux doutes sur la notion « d’intention » dans cette proposition de loi, alors que des députés LREM critiquent ouvertement le glissement vers un État autoritaire de cette proposition de loi ;

La coordination estime que Gérald Darmanin fait toujours fausse route en s’entêtant avec cette proposition de loi, réponse clientéliste à des syndicats de police.

La coordination disposait d’un mandat clair : le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi Sécurité Globale et le retrait du nouveau Schéma national du maintien de l’ordre. Elle a demandé à Gérald Darmanin s’il comptait retirer les articles 21, 22 et 24 de la PPL Sécurité globale et le nouveau SNMO. Sa réponse a été négative.

Du fait qu’à aucun moment les organisations syndicales représentatives de journalistes n’ont été consultées, la coordination a considéré que les conditions d’un dialogue constructif  avec Gérald Darmanin ne sont pas réunies et en a appelé solennellement au Premier ministre, Jean Castex.

La coordination appelle les citoyens à participer massivement aux marches des Libertés qui auront lieu, samedi 28 novembre, partout en France.

 

Lettre de la Coordination pour la Marche des libertés à M. Lallement

le 26 novembre 2020

Monsieur le Préfet de Police de Paris,

Vous avez décidé sans raison valable d’interdire la Marche des libertés qui doit se tenir samedi prochain à 14 heures, de la Place de la République à la Place de la Bastille. Ce faisant vous avez décidé d’interdire la liberté.

Nous avons décidé de la faire. Nous irons et nous marcherons pour défendre cette liberté. Parce que l’Histoire nous regarde. Parce que le monde nous regarde. Et que nous avons décidé de porter cette responsabilité.

Nous savons l’absence d’humanité dont vous avez fait preuve en ordonnant de détruire les abris d’exilés. Vous n’avez pas sourcillé quand ils se sont retrouvés sous les coups de votre police. Vous n’avez pas dit mot quand les journalistes ont été battus et menacés de mort. Votre silence vaut-il consentement ?

Nous savons les risques que nous prenons. Nous avons déjà vu comment les vies de tant de femmes et d’hommes qui tentaient d’exprimer cette liberté ont été mutilées et détruites. Nous acceptons de prendre ce risque parce que ce pour quoi nous nous battons dépasse les risques que nous prendrons.

Nous ne nous rendrons pas non plus à l’invitation de Monsieur le Premier ministre. Votre interdiction ne le permet plus. Nous aurions souhaité un dialogue républicain. En interdisant cette liberté vous nous avez privé de ce dialogue auquel nous souhaitions nous prêter.

Le dialogue social, la démocratie, c’est tout ce à quoi nous, journalistes, réalisateurs, citoyens, nous aspirions. Vous n’en voulez pas. Nous la défendrons.

Nous vous donnons rendez-vous samedi Place de la République, pour marcher avec nous pour les libertés.

La Marche des Libertés Coordination Stop Loi Sécurité Globale

Le 25 novembre 2020.