L’envoyé britannique à l’OMS, le docteur David Nabarro, a dénoncé le confinement récurrent comme principale mesure pour lutter contre les remontées d’infections à la COVID-19, en précisant que cela pourrait entraîner un appauvrissement généralisé à travers le monde.


 

« Nous, à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ne préconisons pas le confinement comme la principale manière de contrôler ce virus », a-t-il déclaré samedi 10 octobre dans une entrevue avec le journaliste Andrew Neil, du magazine anglais The Spectator. Selon l’envoyé de l’OMS, les mesures de confinement ne devraient être envisagées « qu’en dernier recours ».

« Les seules fois où nous croyons qu’un confinement est justifié, c’est afin d’acheter du temps pour la réorganisation, le regroupement et la calibration des ressources et d’aider le personnel de santé qui est exténué, mais en général, nous préférons ne pas le faire », a déclaré le Dr Nabarro.

Le directeur général chargé du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, Mike Ryan, avait déclaré sensiblement la même chose lors d’une conférence de presse donnée la veille, vendredi, au siège de l’OMS à Genève.

« Ce que nous voulons éviter — et, des fois, c’est inévitable et nous l’acceptons —, mais ce que nous voulons éviter, ce sont ces grands confinements qui sont si pénibles pour les communautés, les sociétés et pour tout », avait-il alors déclaré.

Lors de son entrevue avec The Spectator, le Dr Nabarro a pointé du doigt les impacts des mesures sanitaires sur l’industrie touristique et il a déclaré que les confinements de masse pourraient faire « doubler » les niveaux de pauvreté et d’insuffisance alimentaire chez les enfants à travers le monde dès l’année prochaine.

« C’est une terrible, épouvantable catastrophe, en fait. Donc, nous en appelons aux leaders du monde : arrêtez d’utiliser le confinement comme principale méthode de contrôle. Développez de meilleurs systèmes pour ce faire », a-t-il ajouté.

Le confinement, selon l’OMS, est présenté depuis le début de la pandémie comme un outil pour lutter contre le virus, mais ce dernier fait partie d’un plus large éventail de stratégies, incluant les six axes d’action (p. 11) suggérés par l’organisation en mars.

Au mois de mai, la Dresse Maria Van Kerkhove, responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l’OMS, avait invité les gouvernements à travers le monde à ne pas penser le confinement comme une « recette magique », en soulignant qu’il fallait en faire un usage plus précis et stratégique, sans l’imposer à grandeur, mais localement.

« Le confinement a eu une efficacité discutable sur la progression de la pandémie de Covid-19 — mais ses effets sur le seuil de pauvreté, en revanche, sont indéniables.

Nabarro affirme que des restrictions sévères causent des dommages significatifs, notamment sur l’économie mondiale. « Les confinements ont une conséquence qu’il ne faut jamais, jamais sous-estimer : ils rendent les gens pauvres encore bien plus pauvres », a-t-il dit.

« Regardez ce qui est arrivé aux petits propriétaires fermiers partout dans le monde. Regardez ce qu’il se passe au niveau du seuil de pauvreté. Il semblerait que nous pourrions tout à fait voir un doublement de la pauvreté dans le monde d’ici l’an prochain. Nous pourrions bien voir un doublement, au minimum, de la malnutrition infantile » ».