Pour les associations nîmoises A.R.B.R.E.S. et Paysages de France dont nous publions le communiqué, il est moins que jamais aujourd’hui raisonnablement et moralement acceptable, pour une collectivité, de favoriser et d’organiser le déploiement massif de la publicité dans les lieux les plus exposés.


 

A.R.B.R.E.S. et Paysages de France (qui représentait également l’association nationale Sites & Monuments – Sppef1) ont été invitées par la mairie de Nîmes, lundi 14 septembre 2020, à une réunion de concertation sur le projet de RLP (règlement local de publicité).

La réunion, qui a duré deux heures, a été l’occasion pour les associations de dénoncer un projet qui, hélas, tourne le dos à tout ce qu’il convient de faire au regard des enjeux environnementaux et sociétaux en cause.

 

Communiqué

Alors qu’était essentiellement prévue la présentation d’un projet quasiment bouclé d’avance et dont les associations avaient pu prendre connaissance avant la réunion, cette dernière a permis, à la demande pressante des participants, d’aborder les problèmes de fond et de demander une refonte complète du projet sur la base de leurs propositions.

En effet, le projet est tout simplement inacceptable en l’état. Quelques exemples suffisent pour s’en convaincre.

 

1 – Démantèlement des mesures de protection instaurées par le Code de l’environnement

Alors que la mise en place du RLP est présentée comme un moyen de réduire l’impact des panneaux publicitaires dans l’espace public, le projet de Nîmes conduirait notamment à les autoriser dans de très vastes secteurs où toute publicité est interdite par le Code de l’environnement ! C’est ainsi que, hormis dans le « sanctuaire » que représente « l’écusson médiéval de la ville », la publicité serait autorisée par dérogation dans le périmètre d’extension du site patrimonial remarquable (SPR) ainsi que dans le périmètre de 500 mètres des 110 monuments historiques de Nîmes !

Une manière bien étrange au demeurant de défendre un dossier de candidature à l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

Sur les voies publiques (trottoirs), des « Entrées de ville principales »

• Des panneaux 5 fois plus grands qu’à Paris !
• Des publicités numériques (interdites à Paris) du format maximum (8 m2) prévu par la réglementation nationale.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le projet dans sa version actuelle envisage ni plus ni moins d’autoriser des publicités dites sur mobilier urbain (autrement dit sur les trottoirs) d’une surface (10,50 m2), soit plus de 5 fois celle admise à Paris (2 m2). Et tout cela pour « Améliorer la qualité des entrées de ville » (« Orientation n° 1 du projet) !

 

Améliorer la qualité des grandes traversées urbaines

(orientation n° 1)… en y autorisant d’énormes publicités sur pied (10,50 m2) lumineuses et défilantes, et, sur les trottoirs, des publicités numériques du format maximal autorisable (8m2).

C’est dire de quelle volonté d’améliorer la qualité de ces secteurs pourtant clés ont fait preuve ceux qui ont inspiré le projet, à commencer par le cabinet « conseil » de la mairie.

 

Apartheid environnemental

• Des panneaux sur pied de 10, 50 m2 pour les uns et de 2 m2 pour les autres ;
• Des panneaux muraux de 10, 50 m2 pour les uns et pas pour les autres

Avec pas moins de 8 zones différentes (7 zones soumises à des règles spécifiques et les parties hors agglomération de la commune soumises à la réglementation nationale), le règlement serait non seulement aussi difficile à lire qu’à appliquer, mais il instaurerait un régime discriminatoire. C’est ainsi, par exemple, que les habitants des « Quartiers limitrophes au centre-ville » (ZP3) auraient à subir la présence de publicités sur pied et sur mur de grand format tandis que ceux des « Zones résidentielles et tissus urbains mixte » (ZP7) n’auraient à subir que celle de panneaux sur pied de 2 m2 maximum.

 

Enjeux environnementaux cruciaux : tout le contraire de ce qu’il faut faire

Alors que « la planète brûle », alors que l’actualité nous rappelle chaque jour à quels enjeux environnementaux l’humanité est confrontée, alors que, dans ce combat, l’une des urgences est de cesser d’appeler constamment à acheter (raison d’être de la publicité) et donc à consommer toujours plus, alors que les publicités et enseignes lumineuses et les publicités numériques notamment sont dévoreuses d’énergie, les collectivités se doivent les premières d’être exemplaires. Or, pas le moindre débat sur ces questions de fond n’avait jusqu’alors été engagé.

Résultat ? Le projet dans sa version actuelle va dans le sens inverse de tout ce qu’il faut faire : publicités de grand format, lumineuses, implantées le long des axes les plus parcourus et drainant les gens vers les zones commerciales. Mais aussi publicités sur les trottoirs, sans limites de nombre, y compris dans les lieux normalement interdits à toute publicité ! Or, moins que jamais aujourd’hui, il est raisonnablement et moralement acceptable, pour une collectivité, de favoriser et d’organiser le déploiement massif de la publicité dans les lieux les plus exposés, à commencer par ceux relevant de sa responsabilité directe que sont les trottoirs.

Sauver le projet

Le constat dressé par les associations au cours de la réunion et l’impérieuse nécessité de revoir le projet n’ont pas échappé à leurs interlocuteurs. Les associations ont donc fait des propositions et des demandes précises qui ont été notées et qui seront communiquées au maire et aux élus.

Il est encore temps, même s’il faut aller très vite (tout doit être bouclé, enquête publique et adoption du projet compris, pour le 13 janvier 2021 au plus tard), de sauver le projet.

Il est temps en effet que la question de l’affichage publicitaire et des enseignes (de nombreux points concernant ces dernières ont également été abordés au cours de la réunion du 14 septembre) ne soit plus considérée par les élus comme secondaire et que ces derniers laissent les afficheurs et les annonceurs décider de notre avenir.

C’est pourquoi les associations ont également rappelé qu’un grand nombre de publicités et d’enseignes implantées à Nîmes ne respectaient ni le code de l’environnement ni même le RLP actuellement en vigueur. Et qu’il convenait donc de prendre enfin les mesures prévues par le Code de l’environnement pour mettre fin aux infractions.

 

Réunion publique lundi 28 septembre à 17 h 30

Une réunion publique d’information, qui devrait clore la phase de concertation, se tiendra lundi 28 septembre de 17h30 à 19h00 à l’auditorium du Carré d’Art. Les associations appellent les Nîmois à y assister.

Contacts :
Paysages de France
contact@paysagesdefrance.org
https://paysagesdefrance.org/

A.R.B.R.E.S. Gardiens de l’ombre
Association Responsable pour le Bien-Être
et le Respect de l’Environnement sur Nîmes Métropole
arbres.nimes@laposte.net

Notes:

  1. Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France