L’Association tunisienne des femmes démocrates dénonce les propos « réactionnaires » du président Kaïs Saïed, qui a défendu les valeurs musulmanes d’équité et de justice plutôt que d’égalité, à l’occasion de la fête de la femme, le 13 août.


 

La Tunisie célèbre le 13 août la fête nationale de la femme qui coïncide avec le 63e anniversaire de la Promulgation du Code du statut personnel marquant la rupture avec des pratiques archaïques dévalorisant la femme tunisienne.

Depuis le soulèvement populaire de 2011, la journée de la femme célébrée le 13 août (déclaré jour férié) est devenue un rituel festif important auquel des femmes, des hommes, des associations, des organisations, et des partis politiques modernistes et démocrates prennent part en vue de rappeler les acquis de la femme tunisienne.

Le 31 juillet 2012, le gouvernement provisoire avait voté en commission un article qui avait déchaîné les foudres des Tunisiennes : il désignait la femme comme complémentaire de l’homme. Le 13 août, elles se sont rassemblées, largement accompagnées des Tunisiens, sur les avenues Bourguiba et Mohamed V pour crier leur indignation. Cet article a finalement été modifié le 24 septembre : le mot « complémentaire » a été remplacé par « égale ».

Chaque année les Tunisiennes ont donc deux anniversaires : le 8 mars, journée internationale des Droits de la Femme et le 13 août, anniversaire du code du statut personnel.

En Tunisie, la fête nationale de la femme du 13 août s’inscrit donc comme un rendez-vous pour poursuivre le combat pour l’égalité et contre les forces réactionnaires et conservatrices. Mais les récentes déclarations du président tunisien Kaïs Saïed ne vont visiblement pas dans ce sens. À l’occasion du jeudi 13 dernier à Tunis, il a qualifié l’égalité en matière d’héritage de « faux débat » qui « n’est guère innocent ».

L’Association tunisienne des femmes démocrates qui promeut l’égalité femmes-hommes dans les domaines civil et politique, social, économique et culturel pointe le choix du calendrier et dénonce les propos « réactionnaires » du président Kaïs Saïed. Selon l’organisation, Le président tunisien a choisi le jour de la Fête nationale de la femme, le 13 août, pour donner un dernier coup de boutoir au projet de loi sur l’égalité en matière d’héritage.

La question de l’égalité femmes-hommes n’a pas plus avancé sur le plan politique. À l’issue des élections législatives qui se sont tenues le 6 octobre 2019, les femmes ne représentaient que 22 % des députés élus au parlement alors qu’elles étaient 31 % en 2014.