Le parquet de Marseille a ordonné une enquête préliminaire sur les liens de l’élu, proche du Rassemblement national, avec un promoteur de Montpellier, révèle Le Canard enchaîné. Les investigations ont été lancées en mai 2019 sur deux opérations de communication du maire de Béziers financées par un promoteur immobilier.
« Pour la première fois, notre camp, celui de la droite rassemblée, est à la tête d’une agglomération en France. Fier de ce que cela représente. » En pleine campagne de communication sur sa victoire fraîchement remportée de la présidence de l’agglomération, le maire d’extrême droite de Béziers, Robert Ménard, a été mis en cause, mercredi, par Le Canard enchaîné, qui révèle qu’une enquête préliminaire du parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille a été ouverte pour « corruption » et « abus de biens sociaux ».
L’affaire qui fait tomber le soufflé fait suite à des investigations lancées en mai 2019 sur deux opérations de communication du maire de Béziers. En 2017, le promoteur immobilier Socri Reim aurait versé 25 656 euros pour un meeting électoral de Robert Ménard, afin de financer un clip et une plaquette favorable à la mairie, avec le slogan « Béziers 2030, on vous annonce le futur ».
Selon Le Canard, le 25 septembre 2016, le PDG de Socri aurait précisé que la demande de la vidéo avait été faite dès le mois de juin par le maire, et il aurait écrit le 15 décembre 2016 à Robert Ménard — selon des e-mails saisis lors d’une perquisition au siège de la Socri, à Montpellier — qu’il fallait « caler une réunion de quatre heures », « faire le point sur l’opération » et « en profiter pour faire le point aussi sur le projet d’hôtel dans le quartier de l’Hours ». L’entreprise a, en effet, obtenu en 2017 un terrain pour construire un complexe hôtelier dans le quartier — la première pierre a été posée le 27 février.
Dans son édition du 22 juillet, l’hebdomadaire satirique évoque également un investissement de la Socri de 23 500 € dans un projet de site Internet municipal vantant les grandes réalisations de Robert Ménard baptisées « incroyablebeziers.fr » qui n’a jamais vu le jour.
Socri Reim est un groupe indépendant, détenu par son président, Nicolas Chambon, qui déploie son savoir-faire à Montpellier, Paris, Béziers et Cagne-sur-mer. L’entreprise a déjà créé, en 2010, le Polygone de Béziers, « le premier centre commercial urbain à ciel ouvert de France », un investissement de 200 millions d’euros, avant que Robert Ménard ne soit élu maire.
Le Canard enchaîné rend compte de mails saisis par les enquêteurs qui montrent « l’énergie d’enragé » déployé par son PDG pour faire avancer ses affaires. « Il a su trouver à la mairie de Béziers, des oreilles fort attentives », souligne l’hebdomadaire.
« La seule construction jamais réalisée par le groupe à Béziers a été celle du Polygone. Un centre commercial ouvert… en 2010, avant l’élection de Robert Ménard », a répondu le maire de Béziers dans un communiqué, évoquant des « accusations mensongères », des « insinuations » et des « approximations », et assurant n’avoir jamais été informé de l’ouverture de cette enquête.
Dessin Aurel publié dans Le Canard enchaîné