Voix Vives, le festival annuel de poésie sétois commence demain, samedi 18 juillet. Malgré les restrictions imposées par la crise sanitaire liée au covid, l’événement culturel s’évertue à maintenir son identité.
La crise sanitaire liée à la pandémie du covid-19 a durement ébranlé le secteur culturel en France. À commencer par la fermeture des salles de concerts et spectacles pendant le confinement. Malgré la réouverture de ces dernières début juin, le respect des règles de distanciation reste parfois difficile à appliquer tant dans la pratique qu’au niveau budgétaire. Dans la région, certains événements comme le festival de Radio France à Montpellier ont dû se résoudre à annuler ou à reporter leur programmation à l’année suivante. Mais ce n’est pas le cas de tous. À Sète, le festival annuel gratuit de poésie méditerranéenne Voix Vives est maintenu pour sa 23e édition. Il ouvrira demain matin, samedi 18 juillet, et se terminera le samedi 25 dans la soirée.
Une cinquantaine de poètes méditerranéens venus de différents pays, ainsi qu’une vingtaine de poètes-animateurs de l’équipe du Festival partageront leurs textes avec le public dans une dizaine de lieux de la ville. Les deux espaces les plus importants seront le Jardin du Château d’Eau et la place de la Mairie où le marché du livre se tient. Près de 500 rencontres en tout sont prévues entre le public et les poètes. Une soirée hommage sera rendue le 20 juillet à Salah Stétié, Président d’honneur du festival, décédé l’an dernier. La lecture des poèmes sera parfois accompagnée d’autres formes d’arts, comme la musique ou le dessin. Le programme est disponible dans son intégralité sur le site internet de l’événement.
Un festival qui s’adapte
Le festival n’échappe pourtant pas aux conséquences liées à la crise. L’événement qui se déroule habituellement dans une quarantaine de lieux n’en compte qu’une dizaine cette année, mis à disposition par la ville de Sète et des acteurs institutionnels, associatifs et privés. Le nombre de poètes est lui aussi réduit.
Pour le festival et ses organisateurs, il s’agit surtout de s’adapter. Le respect des mesures sanitaires est mis en avant : désinfection régulière, distanciation d’un mètre entre chaque chaise, abandon des rues pour d’autres espaces extérieurs ou encore disparition des coutumiers hamacs et chaises longues. Pas non plus de lectures en bateau cette année, ni de concerts payants. Les ateliers d’écriture auront quant à eux bien lieu.
Si l’invitation de certains poètes a été repoussée à l’année prochaine à cause de la fermeture des frontières, d’autres poètes contemporains étrangers installés dans des pays de l’Union Européenne, comme Mona Gamal El Dine, originaire d’Egypte et résidant en France, ont été conviés. Ainsi, le festival a « réussi à maintenir son identité première, soit la représentation de toutes les cultures méditerranéennes et la rencontre nécessaire entre les cultures, cette passerelle que constitue la poésie entre les cultures », déclare Maïthé Vallès-Bled, la directrice du festival. Chaque poème sera lu dans sa langue originale, puis traduit en français.
Ne pas se résoudre à une interruption
Sur la question de la bonne tenue du festival, la directrice est ferme. Il n’a jamais été question de l’annuler. « Il est plus que jamais important et nécessaire d’offrir une place à la culture », justifie-t-elle. Car, selon elle, la poésie véhicule d’abord l’humain. « La création est toujours inscrite dans les peuples dans laquelle elle est générée. Elle est toujours associée à une réalité du monde, à un moment de l’histoire de l’humanité. » Et les poètes, eux, témoignent de leur expérience universelle à travers leurs mots.
Pour la fondatrice du festival, le maintien de l’événement est une prise de position : « renoncer au festival, pour moi, cela signifiait décider de faire silence. Or, on a pas le droit de faire silence ». En particulier dans une période aussi agitée et incertaine que celle engendrée par la crise sanitaire.
Valentine Benech