Un neuvième groupe parlementaire a été créé mardi à l’Assemblée nationale par une vingtaine de députés, dont plusieurs dissidents de La République en marche, qui perd sa majorité absolue au Palais Bourbon.
Fin d’un faux suspense : après plusieurs jours d’atermoiements, un neuvième groupe à l’Assemblée nationale a bien vu le jour, mardi 19 mai, emmené par des dissidents de l’aile gauche de La République en marche (LREM).
Le groupe « Écologie Démocratie Solidarité » a été présenté mardi matin. Il est composé de 17 députés. Le candidat à la mairie de Paris Cédric Villani a déclaré sur France Inter faire partie en tant que vice-président du nouveau groupe, qui sera coprésidé par Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot) et l’ex-LRM Paula Forteza. Figure également l’ex-ministre socialiste (PS) à l’écologie Delphine Batho, également vice-présidente.
On peut également y compter Martine Wonner, exclue il y a tout juste deux semaines pour avoir voté contre le plan de déconfinement d’Édouard Philippe, Émilie Cariou (Meuse), Annie Chapelier (apparentée, Gard), Guillaume Chiche (Deux-Sèvres), Yolaine de Courson (Côte d’Or), Hubert Julien-Laferrière (Rhône), Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence), Albane Gaillot (Val-de-Marne), Sébastien Nadot (Haute-Garonne), Jennifer de Temmerman (Nord), Sabine Thillaye (Indre-et-Loire), Frédérique Tuffnell (Charente-Maritime).
« Ces députés quittent LREM car ils estiment que leur sensibilité n’a pas pu s’exprimer ces trois dernières années. Alors qu’à l’origine, En marche promettait de dépasser les clivages, pour eux, c’est un constat d’échec », explique un proche de Cédric Villani, contacté par France 24.
En annonçant son départ de LREM, dimanche, Aurélien Taché a ainsi expliqué dans le Journal du Dimanche être « un homme de gauche » et avoir fait le constat qu’il lui fallait quitter le groupe majoritaire « pour le rester ».
Le parti présidentiel perd donc la majorité absolue au Palais Bourbon, un symbole fort même s’il peut s’appuyer sur les 46 députés MoDem et la dizaine d’élus Agir.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait, quant à elle, dénoncé la semaine dernière dans la démarche du 9e groupe « un contresens politique ».
« C’est un groupe qui ne sera pas dans l’opposition et qui se voudra constructif vis-à-vis de la majorité », nuance toutefois un membre du groupe contactée par France 24. À l’image des députés MoDem et Agir, ces dissidents devraient donc continuer de soutenir le gouvernement.
« Ce n’est pas un groupe anti-présidentiel, affirme le député de la dixième circonscription de la Haute-Garonne Sébastien Nadot, C’est un groupe de circonstances. »
Ce positionnement et le ralliement de l’ancienne ministre socialiste de l’Écologie Delphine Batho, aux positions si éloignées du groupe majoritaire en matière de politique économique, a donc de quoi surprendre.
En attendant, le groupe Écologie Démocratie Solidarité compte bien occuper le terrain des idées : la plupart de ses élus est partie prenante de l’initiative de 60 parlementaires à la fibre écologique et sociale qui ont dévoilé le 13 mai une trentaine de propositions pour « le jour d’après »* la crise du coronavirus, dont une revalorisation salariale pour les soignants, un plan de rénovation énergétique ou encore la mise en place d’un revenu universel.
Avec AFP
Photo DR Delphine Batho, ministre de l’écologie (2012-2013) sous le quinquennat de François Hollande, sera l’une des vice-présidentes du groupe
* Le 4 avril, une soixantaine de députés, emmenés par les ex LREM Paula Forteza et Matthieu Orphelin, avaient lancé une plateforme collaborative en ligne baptisée « Le jour d’après« . Elle invitait les Français à présenter leur vision du monde une fois la crise du Covid-19 surmontée. Après avoir reçu plus de 8 700 contributions, les parlementaires ont dévoilé, mercredi 13 mai, trente propositions articulées autour de quatre piliers : santé, sobriété, solidarité et souveraineté.