Sélectionner un événement culturel, un spectacle, parmi ceux de l’année qui vient de s’écouler : c’est peut-être un « marronnier » comme disent les journalistes dans leur jargon… Mais qui a dit que les marrons (chauds en cette saison) n’étaient pas bon ? Alors, pour jouer le jeu, bref éloge d’une chorégraphie qui décoiffe :
Crowd, vue sur la scène du Théâtre des Salins, à Martigues.
Tout commence dans l’obscurité, sur un terrain vague jonché de canettes. Un décor de lendemain de fête qui nous plonge dans l’univers des rave-parties. Crowd (« Foule »), chorégraphié par Gisèle Vienne ne joue pas sur le fantasme des « raves » sauvages en proie aux « démons » de tous les excès. Il illustre sans jugement, et avec quelle force, un phénomène. Certains morceaux de rock sont entrés dans la légende par la puissance de leur « intro » imparable. Chorégraphie intense, unique en son genre (et ce n’est pas une formule), Crowd, portée par une fascinante musique électro, est de cet acabit, saisissante dès les premiers instants.
Sans méconnaître le caractère forcément subjectif d’une telle appréciation (et pourquoi faudrait-il se défendre sans cesse de la subjectivité ?), Crowd restera comme un des événements culturels phares de l’année 2019 pour qui a eu la chance de le découvrir (en l’occurrence, à Martigues, le 13 décembre), même deux ans après sa création. Interprétée par une quinzaine de danseuses et danseurs remarquables, Crowd est une oeuvre sensuelle, érotique, où les corps de mélangent, s’enlacent, se heurtent, se défient dans un tourbillon incessant…
Autant mimé, joué (au sens théâtral du terme) que dansé, Crowd est une sorte de spectacle total, du à la formation polymorphe de Gisèle Vienne, à la fois metteure en scène, chorégraphe, marionnettiste et plasticienne. La musique de KTL, (entre autres)- duo formé de Stephen O’Malley, né aux Etats-Unis et de l’Autrichien Peter Rehberg, collaborateurs réguliers de la chorégraphe- donne à l’oeuvre une force quasi tellurique.
Morgan G.
photo: crowd-vienne, © estelle-hanania