Sur 148 services d’accueil et de traitement des urgences (SAU) contactés par le collectif Inter-Urgences, 65 étaient touchés par un mouvement de grève samedi, a précisé ce collectif de soignants de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), soutenu par les syndicats CGT, SUD et FO. Un débrayage symbolique est prévu aujourd’hui en région avant la manifestation du 6 juin à Paris.
Quelque 200 personnels des urgences hospitalières de 33 villes se sont réunis samedi à Paris pour la première fois depuis le début, mi-mars, du mouvement de grève qui touche à présent 65 services en France, selon le collectif Inter-Urgences. Le mouvement, débuté le 18 mars à l’hôpital Saint-Antoine à Paris après «l’agression de trop» contre un soignant, a essaimé dans une vingtaine de services d’urgences de l’AP-HP ainsi qu’en régions. Toulouse, Angers, Aix, Nantes, Valence, Strasbourg… Partout, les soignants dénoncent un nombre de passages croissant aux urgences, des heures d’attente, des patients «stockés» dans les couloirs, des personnels épuisés. «Ça fait trop longtemps que nous bricolons au jour le jour», souligne Christophe, aide-soignant à Nantes. Des grèves sporadiques avaient déjà éclaté dans de nombreux services en 2018 et début 2019 comme à Strasbourg ou Lille, sans réussir à fédérer.
Les déclarations de la ministre Agnès Buzyn devant l’Assemblée nationale mercredi évoquant «une désorganisation» des urgences à laquelle répond la réforme actuelle du système de santé ont ulcéré les personnels, pour lesquels la pénurie est structurelle tant en personnels qu’en nombre de lits. Cette première AG s’est accordée sur une plateforme de revendications communes : arrêts des fermetures de lits, hausse des rémunérations de 300 euros net et augmentation des effectifs, précise le collectif de soignants, soutenu par les syndicats CGT, SUD et FO. Les témoignages se sont succédé à la tribune barrée d’une grande banderole « donnez-nous les moyens d’être humains » Cette plateforme doit être votée en région d’ici demain.
Un comité national de grève comprenant le collectif, des représentants des régions et un front syndical majoritaire constitué par la CGT, FO et Sud doit être formé. L’enjeu est de structurer le mouvement pour faire front commun face au ministère de la Santé. Le président de Samu-Urgence de France, François Braun, estime que les « Structure de médecine d’urgence (service des urgences, Samu-Centre 15, Smur) sont à un point de rupture jamais atteint » et appelle l’ensemble des personnels « à arrêter symboliquement le travail mardi 28 mai à midi, pendant 5 minutes, et à se regrouper devant leur service. » A Toulouse une mobilisation « Balance ta blouse » se tient aujourd’hui à 14h devant l’hôpital des enfants. Une journée nationale de manifestation à Paris est programmée le 6 juin.
Avec AFP.