Désintérêt pour la politique ? L’abstention, dans tous les scrutins est aujourd’hui un mode d’expression. Même si pour les élections municipales ou encore les présidentielles, on arrive à faire se déplacer plus de 70% des électeurs ces dernières années, les européennes, elles, sont symptomatiques d’un désintérêt pour l’Europe. Ne serait-ce pas plutôt un désintérêt pour la démocratie représentative ?


Rappelons que dans le Vaucluse, si les élections européennes comme ailleurs, enregistrent de faibles participations avec jusqu’à seulement 25% de votants en 2014, il n’en est pas de même avec les consultations comme le référendum de 1992 relatif au traité de Maastricht (lors duquel les habitants du département avaient voté à un peu plus de 50% contre). Pas plus que le référendum de 2005 portant sur la constitution de l’Union Européenne. Pour ces élections européennes 2019, on attend sur le territoire français une abstention de 75%. En sera-t-il de même dans le Vaucluse ? Dans le même temps, 73% des concitoyens se disent concernés par l’Europe, ce que semble démontrer ici la participation, presque massive (75% de votants), aux référendums.


Alors pourquoi un tel désintérêt pour le scrutin européen en lui même, au point que ce sont les abstentionnistes qui font masse ?

Christine, habitante d’Avignon, parle d’une motivation politique : « Quels sont vraiment les pouvoirs de ces députés européens ? Moi j’ai l’impression que c’est surtout la commission européenne qui dicte le calendrier et le contenu des décisions prises à l’échelon européen ». Autrement dit, les gouvernement nationaux… D’autres affirment un vrai antagonisme, comme Philippe : « Pour moi, l’Union européenne c’est avant tout, l’union des capitalistes au niveau du continent, et d’avoir à choisir des élus ou même siéger… C’est en quelque sorte, participer à cette compétition qui ne concerne pas les salariés ».

Mais la question du refus de vote a aussi des explications plus pragmatiques, comme pour Vincent :

« Après avoir été privé quelques années de mes droits civiques, je m’étais réinscrit avec enthousiasme, en me promettant de participer plus encore à la vie démocratique du pays. Mais, après plusieurs élections, j’ai eu le sentiment qu’on n’avait pas le choix et au deuxième tour, on ne peut qu’éliminer ceux qu’on ne veut pas voir élus entre deux propositions qui ne me convainquent pas en général. »

Le fait que l’élection européenne soit à la proportionnelle n’y change rien, il ne votera pas : « On les connaît même pas ces députés. Ils sont encore plus loin de nous que les autres élus. C’est peu dire. »

D’autres encore se positionnent de manière beaucoup plus catégorique comme Fred : « Personne ne peut me représenter et encore moins au niveau européen. Je ne fais déjà pas confiance en un élu de proximité, alors là… personnellement je suis partisan d’une démocratie directe. Je pense que la démocratie représentative est dépassée. »

Le seul problème de l’abstention est que même si comme on le voit, il s’agit de faire passer un message, celui ci reste inaudible : les résultats des élections sont calculés sur la base des suffrages exprimés. Une partie des gilets jaunes et certaines organisations politiques appellent à une abstention citoyenne. Mais pas question pourtant de considérer le taux d’abstention comme une victoire.

Qui sait finalement quelles autres motivations il peut recouvrir?

Christophe Coffinier

Avatar photo
Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.