Les violences urbaines font irrémédiablement penser aux actions désespérées des jeunes des banlieues devant la violence permanente que leur fait l’Etat Français : Violence dans l’habitat, le logement, le quartier, défavorisés pour ne pas dire tout simplement indignes.

C’est donc de ces autres violences urbaines, celles qui vont de soi et que l’on ne remarque même plus que je vais vous parler.


En 1968 les jeunes de l’époque parlaient pour qualifier cette société indigne qui depuis ne s’est pas vraiment améliorée de Métro, Boulot, Dodo ce sont en effet les endroits emblématiques de la violence d’Etat, fomentée par un capitalisme délirant mais aux abois.


MÉTRO:

Métro ce sont tous les problèmes liés aux déplacements qui ont mis le feu aux poudres avec la révolte des Gilets Jaunes qui occupent les rond-points, lieux d’investissement rêvés pour les majors du BTP qui en ont truffé le pays à tort et à travers. Le renversement de cet objet de consommation contrainte bruyant, polluant, ignoble, repoussant, en lieu de convivialité de fraternité, de rencontres, d’organisation des luttes et de visibilité des gens de peu qui clament leur présence en réclamant la dignité et un changement radical de société montre, s’il en était besoin, les violences que cette circulation automobile imbécile, incontrôlée, de plus en plus difficile inflige à ceux qui sont obligés de se déplacer tous les jours, tout le temps.

Il fut un temps qui n’est pas si lointain où les déplacements étaient moins nombreux, moins contraints, et essentiellement réalisés dans la proximité immédiate des lieux d’habitat à pied ou en transports en commun.

Aujourd’hui la part des transports en voiture individuelle dans le nombre des transports motorisés est de 84% . Malgré leur existence désordonnée et de plus en plus coûteuse, les transport publics – en mettant ce mot je m’aperçois que leur privatisation est pratiquement terminée, disons donc plutôt les transports en commun – ne représentent pas plus de 10 à 11% de ces transports motorisés.

Leur coût dans les grandes villes françaises a augmenté de 43% de 2000 à 2010 pour une augmentation de personnes transportées de 10%. Cherchez l’erreur !  Personne ne s’en émeut ni ne pointe du doigt l’évolution potentielle de cette divergence. Par contre ces transports collectifs devenus privés rapportent énormément à leurs véritables propriétaires comme par exemple Véolia et Transdev-  entreprises multinationales – pour ce qui concerne le tramway.

L’usage de la voiture individuelle est donc obligatoire pour l’essentiel.

Les défauts et dangers de la voiture sont multiples.

Elle coûte prés de 400 € par mois toutes dépenses confondues, sur Montpellier le salaire médian, celui autour duquel s’établit le milieu entre les bas et les hauts salaires s’établit à un peu plus de 1350 € net soit près de 30 % . Pour 35 heures de travail nous dépensons 10h30 pour ce coût de la voiture. Nous passons en moyenne plus d’une heure et demi par jour dans la voiture pour aller travailler et ce temps s’allonge en permanence avec le coût du travail nécessaire pour acheter entretenir et faire rouler votre véhicule et les 7h 30, que nous passons dedans au milieu des embouteillages, ce sont 18 heures par semaines que nous dépensons à mettre en rapport avec les 24h30 du temps hebdomadaire de travail qui ne sert pas au seul remboursement du véhicule, ce qui explique d’ailleurs que 20% des ménages n’ait pas de voiture.

Pour les habitants de la ville mais aussi de la campagne, la voiture est le facteur de pollution essentiel, les accidents sont toujours très nombreux et incapacitants, le bruit généré par ce mode de transport est incroyable. Souvenez vous du calme campagnard que nos villes retrouvent le jour sans voiture. La voiture est un vecteur de maladies particulièrement virulent. Enfin et ce n’est pas le moindre de ses défauts la voiture a asservi la ville, a envahi la campagne et les terrains agricoles, elle est de loin le vecteur le plus puissant de consommation de terres…chaque quinze ans le goudronnage bétonnage du paysage par la voiture double.

La ville qui avait été conçue et fabriquée pour abriter les rapports de convivialité et de fraternité des hommes entre eux, on parle d’urbanité et de politesse, deux mots issus de urba la ville en grec et polis la ville en latin, est devenue la ville de la voiture.

Une politique délibérée s’est donné comme règle et objectif de rendre nécessaire la voiture, vecteur essentiel d’explosion de l’industrialisation et d’enrichissement démesuré des capitalistes.

Luc Doumenc 

les urbanistes atterrés