Un vent de contestation souffle actuellement en Algérie. Les Algériens de France se joignent au
mouvement citoyen. Hier, à Paris et à Marseille, plusieurs milliers d’entre-eux sont descendus
dans les rues pour exprimer leur colère et leur solidarité.
L’annonce de la candidature pour un 5ème mandat consécutif du Président Bouteflika au scrutin présidentiel du 18 avril prochain a
mis le feu aux poudres. Des manifestations massives sur tout le territoire national sont en cours. Tous les secteurs d’activité sont
touchés. La détermination des citoyennes et des citoyens à faire aboutir cette première revendication de rejet de la candidature d’un
homme qui a perdu toute autonomie, force le respect. Les Algériens de France se joignent à ce mouvement.
À travers le rejet de la candidature de Bouteflika se cristallise la ferme détermination de rompre totalement avec un système
politique dominé par une oligarchie qui a bâti sa fortune par la dilapidation des deniers publics. Ce système politique n’a offert aux
algériennes et aux algériens que la perspective funeste d’une “harga” dans des barques de fortune, au péril de leur vie, à la quête
d’un improbable «Eldorado » de ce côté ci de la Méditerranée.
Les formidables mobilisations en cours font naître un énorme espoir de changement pacifique dans le pays. Elles font également
craindre une répression féroce à la hauteur de la panique qui a saisi le pouvoir et sa clientèle qui a accumulé d’immenses fortunes à
la faveur d’une embellie financière conséquente à la hausse durable des prix des hydrocarbures de la décennie précédente. Notre
devoir de solidarité devient de ce fait une priorité absolue.
Pour amplifier le mouvement de solidarité naissant en France et ailleurs, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
(FUIQP- Marseille) a rejoint un collectif d’organisations militantes qui vient de se constituer à Marseille.
A Paris comme à Marseille, les jeunes sont en première ligne.
Près de 2 000 personnes étaient dans la rue hier à Marseille, pour exprimer leur refus d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika
« en Algérie, l’avenir c’est l’expatriation. Soit à travers les diplômes, soit en étant un harraga (celui qui prend la mer pour partir),
confiait Inès au journal Le Monde (1), 27 ans venue étudier les mathématiques en France.
Il a fallu que je travaille à fond, que chaque année je réclame une carte de séjour, que je demande la nationalité.
J’ai construit ma vie en fonction de ça. Mais nous sommes apatrides ici. Le système nous a volé notre jeunesse. »
En fin de manifestation, les organisateurs prévoyaient d’autres actions pacifiques.
(1) A Paris ou Marseille… la diaspora scande les mêmes slogans qu’en Algérie.