Les arbres de la ripisylve de la Barthelasse ont trouvé des défenseurs

A Avignon, émerge du Rhône, à deux pas du centre ville ancien, la plus grande île alluviale d’Europe: l’île de la Barthelasse. Née des alluvions au 18ème siècle, elle fut d’abord le jardin de la ville, puis, s’élargissant avec le temps, elle accueillit une population grandissante, d’agriculteurs, notamment, pour finalement devenir un petit quartier rural de la ville. Mais un quartier soumis aux aléas des crues du Rhône. C’est pour cette raison qu’une digue existe, ainsi qu’une station de pompage. Elle ne suffisent pas à empêcher qu’une crue exceptionnelle comme celle de 2003, la dernière en date, inonde les parties habitées les plus basses. Mais comme le font remarquer nombre de spécialistes, c’est aussi un champ d’expansion de la crue qui limite les dégâts sur les quartiers du centre ancien d’Avignon que l’on doit encore protéger de telles crues.


 

Surélever les digues, protéger des inondations

Ce sont des décisions déjà anciennes, de surélévation des digues qui ont remis sur le tapis début 2019, le combat pour les arbres de la ripisylve des membres de l’association SOS Barthelasse. Un combat sourd depuis plus de six ans qu’un projet éradicateur d’arbres aurait la préférence des autorités, en l’occurrence le Grand Avignon. Les choses avancent et on commence à parler d’enquête d’utilité publique, prélude à un abattage massif des arbres sur la rive, afin d’enrocher les rives et surélever la digue.
Le projet n’a évidemment pas la préférence des riverains et amis de l’île regroupés dans l’association. Ces derniers ont même un projet alternatif à opposer, mais aujourd’hui ne sont pas entendus. « Le Grand Avignon parle de renforcer les points faibles de la digues, mais la vérité c’est qu’on s’apprête à arracher la totalité des arbres sur 7 kilomètres, mettre la berge à nu, et la couvrir de rochers. Tout ceci pour un coût prévu de 15 millions d’euros, dont 6 millions financés par la collectivité. Et il y en a pour des années de travaux qui vont transformer la promenade préférée des avignonnais en chantier. » L’île est un site protégé Natura 2000, ainsi défini: « l’axe fluvial assure un rôle fonctionnel important pour la faune et la flore. Les berges sont caractérisées par des ripisylves. La principale menace est le défrichement. »

Pas question de laisser abattre les arbres

Beaucoup de choses ont été dites depuis que le projet a réémergé. L’association SOS Barthelasse – Sauvons les arbres demande régulièrement depuis 6 ans à prendre connaissance du contenu de ce projet, et particulièrement de l’étude environnementale. Mais d’après l’association, « l’administration a toujours caché ses véritables projets en empêchant les citoyens d’avoir accès au dossier. » En attendant, les amis des arbres veulent dire ce qu’ils ont à dire, et notamment, dénoncer  » les mensonges des politiques et des médias ». Pour eux, il n’est pas obligatoire d’arracher les arbres, « seul l’entretien de la digue est obligatoire. » Ils battent en brèche aussi l’idée selon laquelle en 2002 et 2003, l’eau serait passée par les brèches de la digue, rappelant que « le Rhône est passé largement au dessus des digues » ainsi que l’idée que les travaux empêcheraient les crues, « avec le réchauffement climatique, il y en aura même d’avantage. »

Il s’agit  maintenant, pour les protecteurs de la ripisylve de s’assurer qu’un débat ait vraiment lieu. C’est la raison pour laquelle ils alertent l’opinion publique. « On a la chance d’avoir une ripisylve ininterrompue, le risque avec ces abattages c’est d’isoler entre eux des morceaux de cet écosystème unique, mettant en grand danger la biodiversité de l’île. »

Christophe Coffinier

Avatar photo
Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.