Devant six cents maires d’Occitanie, le président de la République a poursuivi, vendredi 18 janvier 2019, à Souillac (Lot), ses échanges avec les élus locaux dans le cadre du « grand débat national » qu’il a lancé en réponse au mouvement des « gilets jaunes ».
Dès les premières minutes du débat, Christian Venries, le président de l’association des maires ruraux du Lot s’est adressé au chef de l’État « sans langue de bois », comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Le chef de l’État avait souhaité un débat « sans tabou », il entre dans le vif du sujet.
Commençant son intervention en plaisantant sur le fait qu’il venait de Saint-Cirgues et pas de Saint-Cyr, Christian Venriues a annoncé la couleur : « Je ne suis pas titulaire d’un master option langue de bois et je n’ai pas l’intention de le passer. » Avant de prononcer un sévère réquisitoire contre le président et ses prédécesseurs.
Ce grand débat, est-ce « une opération de com’, une mascarade, de l’enfumage? », s’est-il interrogé, en fustigeant les « lois complètement déconnectées », qui sont « pondues dans les bureaux parisiens ».
« J’espère que vous n’êtes pas dans la posture du ‘dites-moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer' ». « Il faut arrêter de jeter en pâture les plus faibles », a-t-il notamment lancé au chef de l’État qui prenait des notes, assis au premier rang.
Pendant 13 minutes, Christian Venries a vivement critiqué les postures d’Emmanuel Macron, lui reprochant aussi certaines de ses expressions qui ont fait polémique, comme celle sur les « fainéants ».
Autre intervention symptomatique et critique sur la politique conduite par les gouvernements successifs, Dominique Chaumel, maire PS de Saint-Valery-en-caux, s’est définie comme : » une femme désabusée, lasse, déçue » mais aussi une femme qui a peur :
« La République m’a tout donné, elle m’a permis d’être là où je suis, et aujourd’hui j’ai peur pour mon pays ». Un pays qu’elle définit comme féminin, masculin, jeune, âgé, de toutes les couleurs, de toutes les croyances, et « qui ne laisse personne au bord du chemin. »
Les maires présents au grand débat refusent d’être les petits télégraphistes de l’État. Beaucoup sont réservés sur l’efficacité du processus, pour certains cela reste une dernière chance à saisir pour réussir un changement en profondeur.
Après s’être s’interrogée sur l’utilité de sa présence, Dominique Chaumel a rappelé que les mairies étaient avant tout « des grands assistants sociaux » que l’on vient voir pour tous les problèmes de la vie quotidienne.
Le maire a expliqué avoir ouvert sa mairie aux gilets jaunes. Elle les invite à participer au grand débat et souhaite vivement la réussite concrète du processus face à un pays « qui va dans le mur de l’intolérance, le mur des extrémismes, où chacun se referme, un pays où il n’y a plus de collectif ».
« On entend : une bonne guerre ça ferait du bien, je n’en veux pas aujourd’hui. Il faut tendre la main à son voisin, il faut tendre la main aux gens qui sont de l’autre côté de la méditerranée […]. C’est une impérieuse nécessité de réussir le vivre ensemble… »