Comment inverser le cours d’un monde qui nous promet l’effondrement ? L’engagement dans un parti, les batailles électorales suffisent-ils ? Comment démultiplier la force de la société civile et des multiples îlots de résistance ? Corinne Morel Darleux propose des réponses, mue par un fort sentiment de l’urgence d’agir.

 

Comment définiriez-vous le problème écologique aujourd’hui ?

J’éprouve un sentiment d’urgence et de gravité : il n’est pas synonyme de désespoir, mais au contraire de l’idée que c’est maintenant qu’il faut tout donner, tout tenter ; il ne nous reste pas beaucoup de temps pour inverser le cours des choses. Et j’ai l’impression que les choses s’accélèrent énormément depuis quelques mois.

Il y a sans doute un effet d’optique lié entre autres à la multiplication de scientifiques qui font le choix de sortir de la neutralité dans laquelle ils ont été cantonnés pendant très longtemps. J’ai lu sur Twitter le témoignage poignant d’un chercheur qui disait : « Je viens de faire la chose la plus terrifiante de ma carrière, je viens d’envoyer un message à tous mes collègues scientifiques pour leur dire qu’il fallait désormais qu’on s’engage. »

Au-delà de ce témoignage, il y a des faits qui se multiplient et des emballements qui s’enclenchent. Le changement climatique est de plus en plus visible, même en France. Ce qui semblait appartenir au domaine de la banquise et des ours blancs frappe aujourd’hui à notre porte, avec les effondrements les montagnes dans les Alpes, avec l’assèchement du lac d’Annecy, avec des communes ravitaillées en eau par des camions-citernes. Il y a une prise de conscience qui touche le grand public de manière beaucoup plus forte qu’avant. Par contre, elle n’ébranle pas le pouvoir en place. Ce n’est pas au niveau des pouvoirs traditionnels et institutionnels que les choses vont pouvoir se faire.

Il y a également d’autres facteurs de vulnérabilité du côté du numérique et des algorithmes, du côté de la finance mondialisée. Tout ceci est interconnecté et rend l’édifice très fragile. Il suffit qu’une maille craque pour que tout s’effondre. Mais le climat et la biodiversité ont malheureusement une grosse longueur d’avance en matière de probabilité d’un effondrement de nos sociétés.

L’urgence coïncide avec une forme de prise de conscience. On arrive à un moment où on peut inventer et construire des formes d’actions politiques nouvelles avec des réseaux nouveaux avec des alliances nouvelles et avec, je l’espère, des résultats inédits.

Source Reporterre 05/01/2019

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