La crise est profitable aux groupes d’énergie qui dégagent des superprofits mais aussi aux banques qui tirent avantage du moment pour réaliser de colossaux bénéfices. Grâce à la Banque centrale européenne (BCE), celles-ci utilisent les mécanismes passés de refinancement pour faire des gains importants. De septembre 2019 à décembre 2021, la Banque centrale européenne, par le biais des banques centrales nationales, a octroyé aux banques 10 séries de prêts dits TLTRO 3 (Targeted Longer-Term Refinancing Operations, ou opérations ciblées de refinancement de long terme) pour un montant total de 2 339 milliards d’euros.
Mis en place — au moment du fameux « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi1 —, ces prêts ont permis aux banques de disposer de facilités de financement à des taux ultra-privilégiés, souvent négatifs, sur une longue période. C’était un moyen, aux yeux de la BCE, de relancer le crédit dans la zone euro. C’était aussi une façon de contrebalancer les effets délétères des taux négatifs sur les profits des banques.
Ce sont des séries de prêts à 3 ans dont la maturité s’échelonne de septembre 2022 à décembre 2024. L’encours total est encore de 2 263 milliards d’euros.
« Alors que la situation économique se détériore, que les coûts de crédit augmentent pour les ménages et les entreprises, comment la BCE peut-elle laisser prospérer ces pratiques qui permettent aux banques de faire des bénéfices indus grâce au soutien de l’institution et des États ? », interroge la journaliste de Médiapart Martine Orange. La BCE indique qu’elle s’occupera du problème « en temps voulu ».