Johannes a rejoint l’aventure du Fenouil en 2011. Membre d’une communauté paysanne, il savoure le contraste entre l’initiative et ce que renvoie la ville : « On voit ici les ravages de l’agro-industrie. là où je vis, c’est très différent puisque nous travaillons sur la qualité de l’alimentation, et en ville les gens se nourrissent mal. Cette industrie génère en plus une exploitation éhontée du travail. Pour moi, ce qu’on fait au Fenouil, c’est une lutte qui est l’absolu autre côté de tout ça. c’est une initiative en solidarité avec ceux qui ont décidé de vivre de la paysannerie, qui prennent soin du pays. Paradoxalement, autour d’Avignon il devient de plus en plus difficile d’obtenir de bons produits si on est pas motorisé. »
Pour lui, le risque est grand de perdre les terres fertiles de la ceinture verte en bord de Durance à cause du projet de liaison Est-Ouest de contournement d’Avignon : « Il risque de devenir très difficile et réservé à ceux qui peuvent, de manger sain. Et même le lien social et la convivialité créée par la cantine, même si c’est dur à valoriser, parce qu’on ne le fait pas pour la paix sociale, mais bien pour poser les questions qui fâchent. On vient ici buller pour juste exister le dimanche, être ensemble, même si la merde est de retour le lundi. c’est la possibilité d’être libre pendant un moment. On peut aussi manger même si on ne peut pas payer, et si quelqu’un arrive un peu tard, même bourré, on lui proposera toujours une soupe. »
Des cantines, il en faudrait plein, assure-t-il : « Il faudrait plusieurs structures comme la notre dans une ville comme Avignon. Nous aurions vraiment besoin de nous confronter à d’autres, grandir ensemble ».