Une enquête

En octobre 2019 à l’occasion de la commémoration de la Retirada, une semaine culturelle intitulée « Nous, Espagnols de France et Français d’Espagne », s’était tenue à Portiragnes à l’initiative de « Bouge ton Village », association soucieuse de créer des animations autour du patrimoine matériel et immatériel. Il y était question de conférences, d’expositions mais aussi de témoignages retraçant des pans de la mémoire collective locale, de l’immigration espagnole ayant eu lieu dans les années 1910-1930, au moment de la Grande Guerre et de la modernisation de la viticulture, à nos jours en passant par la Retirada. Six ans plus tard, c’est le grand intérêt de l’ouvrage publié sur la base d’interviews comme d’une grande variété de documents d’archives, et intitulé Une histoire espagnole dans un village viticole du Languedoc – Portiragnes de 1850 à nos jours, que de restituer l’importance de ces migrants et de leurs descendants dans le développement de la commune et plus largement du Languedoc.
Cette histoire écrite par Jean-Philippe Priotti et Luc Leboucher, deux enseignants passionnés de recherche, interroge la figure du migrant depuis son lieu d’origine, dans son environnement économique, politique et sociolinguistique de départ. Le détour par les zones du pays valencien où la viticulture était depuis longtemps connue, permet de comprendre ce que ces immigrés ont apporté à la patrie d’accueil, outre leur force de travail. De même, les matériaux utilisés restituent à travers l’exemple du village de Portiragnes l’industrialisation de l’activité viticole languedocienne, et les rapports de force entre patrons et ouvriers qui en ont découlé. Mais au-delà du monde du travail, les nombreuses interviews mettent en lumière comment ces hommes et ces femmes venus d’ailleurs ont dû se faire accepter par la population locale. Les témoignages recueillis permettent de suivre la négociation quotidienne des différences culturelles entre locaux et étrangers, non exempte de manifestations de rejet.
De l’implantation spatiale au sein du village et dans les campagnes alentour à l’univers scolaire, l’ouvrage retrace en définitive les modalités diverses de la coexistence entre autochtones et Espagnols. C’est à une expérience hybride, d’un récit historique et d’une narration du sensible empreinte de réalités migratoires vécues, que le lecteur est convié, à une expérience du rapport à l’Autre.
Rencontres avec les auteurs
À l’occasion de sa sortie, deux rencontres sont organisées par la municipalité de Portiragnes puis la Colonie Espagnole avec les auteurs de l’ouvrage :
– Le vendredi 7 novembre à 18h, à la mairie de Portiragnes, 14 Bd Frédéric Mistral – Portiragnes – 04 67 90 94 44
– Entrée libre le samedi 8 novembre à 18h30, à la Colonie Espagnole, 1 rue Vieille Citadelle, Béziers – 04 67 49 13 03.
« L’immigration espagnole a été une condition sine qua non à l’existence même de Portiragnes, village languedocien comme tant d’autres pris entre les affres de la Grande Guerre et l’expansion viticole postérieure en manque de bras. L’étude, menée à l’échelle locale, sur la base de documents d’archives et d’interviews précise la qualité et la diversité de cet apport démographique étranger […] »
Photo La Retirada DR
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