Parmi les onze plus grandes métropoles françaises, Montpellier est celle où la hausse démographique est la plus soutenue. Malgré une politique de mobilité ambitieuse, tout le territoire doit faire face à un phénomène de congestion routière. Le SERM Montpellier Méditerranée permettra de proposer plus de trains entre Sète, Montpellier et Nîmes et d’augmenter l’offre de transports en commun avec des amplitudes horaires élargies. Le projet qui débute interroge la coopération des partenaires à plusieurs niveaux.


 

Qu’est ce qu’un SERM ?

Les services express régionaux métropolitains (SERM) sont des projets avant tout ferroviaires visant à développer une offre comparable à celle d’un transport urbain autour d’une dizaine de grandes métropoles françaises1. Ils doivent en outre s’appuyer sur les cars express et le vélo, et peuvent avoir un volet relatif au covoiturage. Ces services express métropolitains, issus d’un rapport de la SNCF de 2020, doivent favoriser les déplacements en train dans l’optique d’en doubler la part d’ici à 2030, pour notamment décarboner les transports et offrir plus d’alternatives à l’automobile.

La mise en place de ces services express métropolitains est prévue pour être progressive et permettre une montée en puissance des réseaux, au sein du système de transport métropolitain et national, en offrant un haut niveau de service (au moins un train toutes les demi-heures) tous les jours, en heure creuse comme en heure de pointe, avec une plage horaire pouvant aller au-delà de 6-21h en semaine et pouvant aller jusqu’à minuit les vendredis et samedis. Les points d’arrêts devraient être desservis systématiquement, régulièrement répartis en zone urbaine dense, et espacés de quelques kilomètres seulement ailleurs. En heure de pointe, la fréquence devrait être renforcé (au quart d’heure par exemple) et ne pas descendre en dessous d’un train par demi-heure en heure creuse pour créer de la demande.

 

Premier round de concertation

Mardi 28 octobre, la Région Occitanie a réuni l’ensemble des partenaires du Service express régional métropolitain (SERM) Montpellier Méditerranée2 à l’Hôtel de Région de Montpellier pour tenir le 1er comité de pilotage du projet3. Cette réunion a notamment permis de confirmer la mobilisation des acteurs autour du projet et de préciser les futures étapes de travail.

Les enjeux majeurs du mode de financement et de gouvernance

Les porteurs principaux du projet sont les autorités organisatrices de mobilité (régions + métropoles/AOM locales4). Lors de ce premier comité de pilotage, les contours de ce SERM ont été présentés à l’ensemble des partenaires : renforcement de l’offre de trains et de lignes de cars Express, nouvelles lignes de tramway, réseau Express Vélo…. Les échanges ont également porté sur la simplification des services pour les usagers (tarifs, billettique, etc.). Enfin, les participants ont défini les modalités de poursuite des travaux, notamment sur les volets financier et gouvernance sans apporter de précision.

Le niveau d’avancement du projet dépend pourtant des capacités de financement qui n’ont pas encore été définies dans le contexte de crise budgétaire actuel. À titre d’exemple, dans la phase de « préfiguration » d’un SERM (études, gouvernance, financement) de l’agglomération toulousaine, l’État finançait 50 % de la phase, la Région + Département + métropole + opérateur 12,5 % chacun.

Selon le Ministère de la Transition écologique, le total des SERM est estimé à plus de 10 milliards d’euros d’investissements à ce stade. Certains documents avancent des ordres de grandeur bien supérieurs : de l’ordre de 40-45 milliards d’euros d’investissement pour tous les SERM envisagés. Le financement reste un enjeu majeur : le manque de signal clair de l’État est pointé comme frein à l’engagement des collectivités. L’ensemble des partenaires ont néanmoins confirmé leur volonté de participer à la concrétisation de ce projet de SERM.

 

Articuler les différentes échelles d’action

La gouvernance du projet repose sur des structures de coordination locale réunissant : l’État, la Région, la métropole/AOM, les autres collectivités concernées, et les opérateurs (ex : SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions). Ce mode de gouvernance conjointe État + collectivités locales + opérateurs, qui marque un partage plus clair des compétences et responsabilités, peut être analysé à travers le prisme d’une nouvelle phase de décentralisation. Dans cette optique, elle ouvrirait la possibilité de fiscalité locale dédiée pour financer les infrastructures et services, ce qui renforcerait l’autonomie financière locale. On observe au même chapitre que le périmètre des SERM « bassins de mobilité » dépasse souvent les limites administratives traditionnelles (métropoles + couronne péri-urbaine), ce qui pose l’enjeu (encore trop invisibilisé) pour les collectivités de se structurer et coopérer davantage au niveau interterritorial.

Jean-Marie Dinh

 

Notes:

  1. Le 27 juin 2024, le ministère de la Transition écologique (chargé des transports) annonce  la labélisation officielle SERM, permettant des financement d’État, de 15 projets. Dans le Sud du pays les dossiers de Bordeaux, Montpellier, Toulouse, sont retenus, tandis que ceux d’Avignon, Marseille (Aix), Nice (et Cannes), Toulon et projets Basco-landais (Saint-Sébastien à Dax), restent à l’étude.
  2. État, Région Occitanie, Montpellier Méditerranée Métropole, Département de l’Hérault, Nîmes Métropole, Intercommunalités du Grand Pic Saint-Loup, de la Vallée de l’Hérault, du Lodévois et Larzac, du Pays de Lunel, du Pays de l’Or, de Sète Agglopôle et du Clermontais.
  3. Il était co-présidé par Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, Jean-Luc Gibelin, vice-président à la Région Occitanie en charge des Mobilités pour tous et des infrastructures de transports, et Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole. François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, ainsi que des représentants du Département de l’Hérault et des 8 autres territoires concernés par le SERM étaient également présents.
  4. Autorités organisatrices de la mobilité