Sur seize prévenus du groupe d’ultradroite islamophobe Action des Forces Opérationnelles (AFO), douze ont été reconnus coupables d’associations de malfaiteurs. Quatre ont été relaxés. Les peines maximales de deux ans fermes seront effectuées à domicile sous bracelets électroniques.
Seize personnes, dont treize hommes et trois femmes, du groupe d’ultra droite AFO ont comparu, le 30 septembre devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, dans le cadre du procès qui s’était tenu en juin 2025 pour « association de malfaiteurs terroriste et infraction à la législation sur les armes et les explosifs ».
L’Action des forces opérationnelles (AFO), né après les attentats djihadistes de 2015, est un groupe armé islamophobe et nationaliste blanc français fondé en août 2017 par Guy Sibra et Dominique Compain, puis démantelé en juin 2018 suite au travail de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Des dizaines d’armes avaient été saisies lors des perquisitions.
Il s’agit du dossier d’extrême droite violent le plus important présenté devant la justice française. Comme l’a souligné la présidente, la « raison d’être » de l’association de malfaiteurs, d’abord « défensive », s’est transformé en un « projet terroriste accélérationniste1 » visant à hâter la guerre civile en France entre musulmans et non-musulmans (assassinats « de 200 imams radicalisés », cibles de personnalités comme le rappeur Médine et Tariq Ramadan, empoisonnement de nourriture halal dans les supermarchés, attaques de mosquées, voire intention de remonter à moto une file de véhicules en tirant sur les occupants arabes…).
Le tribunal a néanmoins estimé que tous les membres de l’association n’étaient pas forcément au courant des projets, tout en insistant sur « l’état embryonnaire des préparatifs et des recherches d’armes ».
La majorité des prévenus, qui se présentent comme des patriotes intéressés uniquement par les formations de survivalisme d’AFO pour se préparer en cas de guerre civile, ont nié toute volonté d’actions violentes. Le tribunal a rendu sa décision et au terme du délibéré douze des prévenus ont été reconnus coupables d’« association de malfaiteurs terroriste ». Les peines maximales, qui seront effectuées à domicile sous bracelets électroniques, concernent six prévenus.
Cinq ont été condamnés à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis. Il s’agit de Guy Sibra, 72 ans, fondateur du groupe Action des forces opérationnelles (AFO) ; Franck Gil, ancien diplomate, fondateur de la cellule Île-de-France ; Bernard Sorel, 76 ans, chef de la cellule Île-de-France ; Philippe Chamoreau, 61 ans, publicitaire et adjoint dans celle-ci ; et Daniel Raimbault, 39 ans, ancien militaire, ayant confectionné des explosifs à base de TATP2.
Dominique Compain, adjoint de Guy Sibra, écope quant à lui de quatre ans de prison dont deux avec sursis. Sont également reconnus coupables d’ « association de malfaiteurs terroristes » : Olivier Lamarre et Philippe Gensou, condamnés à quatre ans de prison dont trois avec sursis, la peine ferme étant également effectuée sous bracelet électronique, Marie-Véronique Rosso à deux ans avec sursis, Sylvie Costes et Sandrine Frouté à trois ans avec sursis. Sursis simple aussi pour Jean Chanzy.
Quatre personnes ont été relaxées
Le temps passé en prison de certains accusés au moment de leur arrestation en 2017 sera déduit de leur peine et le nom des 12 personnes condamnées figurera au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait).
En outre, le tribunal a débouté de leur demande de constitution de partie civile les associations Musulmans de France et des Mosquées du Rhône ainsi que le chanteur Médine. Aucun préjudice n’a été retenu pour le rappeur, son nom n’ayant été cité qu’une fois lors d’une réunion de personnes du groupe exprimant constamment une « préoccupation xénophobe » et un « défouloir d’idées violentes ». La procédure, selon le tribunal, n’a pas prouvé l’existence d’actions à son égard, notamment « l’existence d’un tel projet ».
Dessin. Les menaces d’attentats de groupuscules d’extrême droite se multiplient et inquiètent les services de renseignement. © Nicolas Dewit pour Radio France
Lire aussi : Le procès des membres du groupuscule d’ultradroite AFO
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Notes:
- Accélérationnisme d’extrème droite : Chercher à faire imploser un système sous le poids de ses propres contradictions, avec pour objectif politique de viser la société contemporaine, libérale et multiculturelle, dont les activistes d’extrême droite cherchent à exacerber les clivages afin de déclencher une guerre civile raciale jugée inévitable.
- Aussi connu sous le nom de peroxyde d’acétone, le triperoxyde de triacétone, dit TATP, a été utilisé aussi bien dans les attentats de Paris et Bruxelles.