Malgré des annonces très optimistes de Donald Trump le 13 Juillet sur la perspective d’un cessez-le-feu à Gaza en amont de la visite du premier ministre israélien, la rencontre entre les deux dirigeants ne s’est soldée par aucun accord. Toujours beaucoup de bruit pour rien ! De déclarations triomphantes de l’administration américaine au silence pesant d’Israël le génocide continue et il n’y aura pas de négociations car Israël n’en veut pas.


 

La stratégie de chaos sécuritaire orchestrée par Israël dans la bande de Gaza assortie de la continuité des bombardements aveugles s’aggravent de jours en jours encore et toujours et le monde finit pas ne plus rien en dire tant cela paraît inéluctable. Pourtant des initiatives persistent – la 37 ième flottille de la liberté Handala vient de partir vers les côtes de Gaza – des résistances s’organisent – A Bogota, 12 états du Sud global viennent de passer aux actes contre Israël – Cet article souhaiterait se pencher sur l’avenir de l’espoir pour les Gazaoui.e.s, ce que c’est de croire et d’espérer une trêve depuis 22 mois tant cette lumière est nécessaire pour continuer à vivre et à résister dignement.

 

Un texte de notre correspondant à Gaza Abu Amir du 15 Juillet qui aborde cette question que le monde doit se poser !

« Les habitants de Gaza ont droit à la clarté sur leur avenir, la population gazaouie oscille encore une fois entre attente d’un accord et effondrement des espoirs. La bande de Gaza vit aujourd’hui un état de profond découragement qui plane sur tous les aspects de la vie quotidienne de ses habitants. Cela fait suite à un net recul des signes positifs qui avaient récemment suscité un mince espoir quant à la possibilité d’un accord d’échange ou d’une trêve mettant fin à l’engrenage de la guerre et des souffrances continues.

Malgré une lueur d’espoir apparue ces dernières semaines, le blocage des négociations politiques et la multiplication des déclarations contradictoires des parties concernées ont plongé les habitants du territoire dans un état d’attente mêlée de frustration et de désespoir. Depuis le début de la dernière guerre contre Gaza, la population guettait avec ferveur tout signe d’ouverture politique ou de progrès réel dans les négociations menées par des médiations régionales et internationales, notamment celles de l’Égypte et du Qatar. À chaque déclaration d’un responsable israélien ou international évoquant une avancée, les Gazaouis s’accrochaient à l’espoir comme à une bouffée d’air, surtout face aux conditions humanitaires dramatiques qu’ils subissent. Mais ces signes d’espoir se sont progressivement estompés avec le retour d’un discours de confrontation, les mentions répétées de « complications », de « revendications irréalistes » et de « conditions inacceptables », ce qui a provoqué une déception généralisée parmi la population.

Le désespoir à Gaza ne vient pas seulement du blocage de l’accord, mais d’un profond sentiment d’impuissance collective. Dans le flou qui entoure les positions régionales et internationales, les habitants de Gaza ont l’impression d’être oubliés, que leur souffrance est devenue une pièce d’un jeu politique plus vaste dans lequel ils n’ont aucun pouvoir. Cette absence de perspective politique et la stagnation des négociations rendent tout espoir de solution proche quasiment illusoire. Par ailleurs, les craintes grandissent que la guerre ne s’éternise davantage, ou que l’accord, s’il voit le jour, soit limité ou jugé injuste par certaines parties, ce qui ne ferait qu’accentuer le désespoir collectif et les tensions internes.

 

« Nourrir des illusions ne fait qu’amplifier la déception »

Les effets du désespoir sont clairement visibles dans le comportement social à Gaza. Le stress psychologique est en hausse, et des signes de désintégration sociale commencent à émerger sous l’effet des pressions énormes subies par les individus et les familles…Cette réalité engendre un sentiment généralisé d’injustice et d’abandon, que ce soit de la part de la communauté internationale ou des différentes parties palestiniennes elles-mêmes.

Dans un tel climat, il devient urgent de promouvoir un discours médiatique et politique réaliste et responsable — un discours qui ne surestime pas les attentes et qui ne laisse pas la population dans l’obscurité des rumeurs et informations imprécises. Les habitants de Gaza ont droit à la clarté. Ils ont besoin qu’on leur parle honnêtement de la nature de la phase actuelle et des délais plausibles pour tout règlement. Nourrir des illusions ne fait qu’amplifier la déception lorsque l’espoir s’effondre, et renforce le sentiment de trahison et d’abandon.

La bande de Gaza se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, dans un moment critique où la souffrance s’aggrave et les espoirs s’amenuisent. Face à ce tableau tragique, il est impératif qu’une intervention réelle et efficace voie le jour — une intervention qui ne se limite pas à des déclarations, mais qui se traduise par des actions concrètes sur le terrain : arrêt des hostilités, aide humanitaire immédiate, et travail sérieux en vue d’un accord juste et global qui rende la vie aux habitants du territoire. Le désespoir n’est pas un simple sentiment : c’est une condition existentielle de plus en plus dangereuse, qui risque d’éroder ce qu’il reste de résilience humaine à Gaza. »

 

Le 19 Juillet un autre texte d’Abu Amir, un nouveau cri d’alarme, il est quotidien, on doit l’entendre, il met en péril toute forme d’espoir !

 

A gaza chaque matin la famine organisée hurle !

 

« Chaque matin, les habitants de Gaza se réveillent au son d’une souffrance renouvelée, qui commence dès l’ouverture des yeux jusqu’au dernier souffle de la nuit. La journée entière se transforme en une misérable quête pour un morceau de pain, une poignée de farine ou quelques gouttes d’eau potable. Dans les rues de la bande de Gaza, la vie ne suit pas son cours : elle trébuche au milieu des décombres, des files de déplacés et du silence meurtrier du monde. L

es femmes ne suivent plus leurs enfants vers l’école, mais vers les points de distribution d’aide humanitaire — et il se peut que la mère rentre les mains vides… ou ne rentre jamais. La faim à Gaza n’est plus une métaphore ni une exagération, mais une réalité mesurable aux kilos perdus des corps des enfants, à leurs yeux enfoncés qui n’ont pas goûté au lait depuis des mois.

Les images venues de là-bas disent la vérité sans commentaire : des enfants aux os saillants, des lèvres fendillées par la soif, des jeunes aux regards perdus, courant après les camions d’aide avant d’être rejetés vers la mort. Dans certains quartiers, on tue pour s’être simplement approché d’un camion contenant quelques sacs de farine. Les files d’attente pour du pain sont devenues des zones de danger, et l’eau potable un objectif militaire sur lequel on tire sans pitié.

Tout à Gaza témoigne d’une famine — mais pas une famine naturelle. C’est une famine imposée délibérément, de manière méthodique. Depuis des mois, la bande est fermée à la nourriture et aux médicaments. Le blocus étouffant étrangle la respiration de plus de deux millions de personnes. Les moulins sont à l’arrêt, les boulangeries sont hors service, les fermes ont été réduites en cendres sous les bombardements. Même les petits potagers familiaux, dernier souffle de survie pour certaines familles, ont été asphyxiés sous un ciel que ne traversent que des avions de guerre.

Aujourd’hui à Gaza, personne ne rêve d’avenir, mais d’un simple repas. Personne ne souhaite le bonheur, mais la survie. Tous ceux qui vivent là-bas paient le prix d’une injustice sans fin, d’une oppression incessante, d’une complicité internationale qui a fait de cet endroit un champ libre à la famine et à la punition collective. Chaque instant sans action est un instant où une petite fille meurt, où le lait d’une mère s’assèche, où un petit espoir s’éteint. »

Notre monde a t il choisi de perdre son humanité et de continuer à voir en se taisant ? Et nous que faisons nous de ce que l’on appelle l’espoir ?

Brigitte Challande

 

 

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Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.