À l’occasion du 80e anniversaire de la victoire sur le nazisme : 8 mai 1945-2025, la police aux ordres de l’État nous a empêchés de rendre hommage aux 27 millions de morts soviétiques.


 

Nous étions un petit groupe qui militant-es anticolonialistes de la cause palestinienne, sahraouie, Gilets jaunes, héritiers du combat antifasciste des espagnol-es en 1936.

Nous voulions marquer cette date historique en rendant hommage aux peuples de l’Union soviétique. Nous avions peint des cartons d’un beau rouge vermeil et dessiné, au pochoir, le marteau et la faucille avec son étoile de couleur or, représentant le drapeau de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), celui du 8 mai 1945.

Au dos, nous avions écrit : La barbarie nazie, c’est 27 millions de morts soviétiques. Gloire aux martyr-es ! Ou encore, Stalingrad : 900 000 morts Léningrad : 800 000 morts. Gloire aux martyr-es ! Et « Hommage à un peuple courageux qui a brisé le nazisme », enfin : « À la 1ère brigade russe qui participa à libérer Toulouse. Nos remerciements ». La célébration avait lieu au monument à la Gloire de la Résistance, allées Frédéric Mistral, en face de l’ancien siège de la Gestapo.

Nous y avions mis tout notre cœur en y passant de nombreuses heures. Un militant tenait le drapeau du 1er bataillon de l’Armée rouge à rentrer dans Berlin. Il était 10h20, la cérémonie allait bientôt commencer. Jamais de mémoire d’ancien-nes il n’y avait eu autant de policiers encadrant ce type de commémoration. Craignait-on les chars russes aux portes de Toulouse ?

Les fonctionnaires de la police, aux ordres du pouvoir, ont exigé nos papiers tout en nous confisquant nos pancartes. Leur chef, un grand gaillard, enrobé de son gilet pare-balles, débriefait son équipe. Nous lui avons demandé de nous montrer la loi qui nous empêchait d’honorer la mémoire des soviétiques tué-es par le nazisme. Il aurait pu chercher longtemps parce qu’elle n’existe pas. Droit dans les yeux, une militante les a questionnés sur leur passé familial pendant la Seconde Guerre mondiale. « Le silence est plus éloquent que mille mots », dit un proverbe africain.

Un camarade est revenu avec le poignet foulé. Un policier lui avait arraché le drapeau de la victoire des valeureux soldats de l’Armée rouge. Le grand gaillard encapé nous a menacés : « Trouble à l’ordre public, un seul cri, une seule manifestation et je vous embarque tous ».

Quand nous avons voulu récupérer nos pancartes et drapeau, depuis le fourgon, un flic (on ne peut pas utiliser un autre mot) les a jetés par terre comme si c’était de la m….e et nous des animaux. Quel mépris pour les millions de morts soviétiques et quel mépris à notre égard.

Témoin de la scène, une toulousaine, qui accompagnait sa petite à la commémoration, a lancé : « Ça fait longtemps que nous ne sommes plus en démocratie ». La police est aux ordres d’un État et d’un gouvernement qui préparent la route au fascisme ou qui font le lit du fascisme.

Libertad

Photo. La bataille de Berlin a été l’une des plus coûteuses en vies humaines de la Seconde Guerre mondiale. Photo wikipedia

Note de la rédaction

altermidi ne se définit pas comme un média militant mais un média citoyen et engagé, notamment contre l’extrême droite. En publiant ce témoignage, il ne s’agit nullement de glorifier l’armée rouge ou d’apporter un quelconque soutien à Poutine. Il s’agit de dénoncer les pratiques d’un mode de gestion de la société qui réduit chaque jour la liberté d’expression à l’heure où les force d’extrême droite ont fortement progressé électoralement dans notre pays.  Comment ce fait-il qu’une partie des forces qui ont vaincu le nazifascisme en 1945, n’a plus le droit de cité, quand un groupuscule nazi défile dans les rue de Paris sous protection policière, quand le président de la République accorde une longue interview  à l’hebdomadaire fascisant Valeurs actuelles condamné pour insulte publique à caractère raciste à l’encontre d’une députée ? Nous sommes en droit de nous questionner et de prendre au sérieux les témoignages de ce type qui nous parviennent.

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