Haytham Manna* est président de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR) et Doyen de l’opposition démocratique syrienne.


 

Je suis un citoyen de ce monde, privé de voir sa famille et ses amis par la famille Assad pendant un quart de siècle parce que je rejetais la dictature militaire dans mon pays. Mon frère, l’ingénieur Maan Aloudat, et 34 membres de ma famille ont été tués. Ceux de ma famille et de mes amis qui n’ont pas été tués ou arrêtés ont passé au total, plus de mille ans dans les prisons d’Assad, père et fils…

Aujourd’hui, j’accuse les autorités russes d’avoir offert un refuge à un criminel contre l’humanité nommé Bachar al-Assad, et j’exige que la Fédération de Russie livre ce criminel et ses associés à la Cour pénale internationale…

J’accuse le président Recep Tayyip Erdoğan et son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, d’avoir facilité l’entrée de 120 000 djihadistes takfiris en Syrie et en Irak en moins d’une décennie.

J’accuse, les Gardiens de la révolution iraniens et leurs milices alliés, d’avoir amené près de soixante mille extrémistes chiites sur le territoire syrien sous prétexte de défendre des lieux saints, ce qui a conduit à des guerres sectaires sanglants en Syrie.

J’accuse les soi-disant « Amis du peuple syrien » d’avoir transformé la plus importante révolution civile pacifique contre la dictature en un conflit géostratégique armé sur la Syrie.

J’accuse les services de renseignement qataris, turcs et britanniques de fournir un soutien direct à Hay’at Tahrir al-Sham HTS, qui est classé sur les listes terroristes des Nations Unies et de ces pays également, comme une alternative à la dictature d’Assad, comme si c’était le destin du peuple syrien, qui a fait d’énormes sacrifices, de choisir entre le choléra et la peste.

J’accuse l’extrême droite israélienne d’exploiter de manière méprisable la tragédie syrienne en détruisant toutes les infrastructures possibles et en occupant cinq fois la superficie de Gaza par rapport à ce qui restait du plateau du Golan, dans un silence international honteux.

J’accuse toutes les délégations venues à Damas en provenance des pays de l’Union européenne de délivrer un certificat de bonne conduite à ceux qui sont censés être jugés devant les tribunaux européens.

J’accuse les chaînes de haine sectaires, en particulier Al Jazeera et Al Arabiya Al Hadath, qui dépeignent le génocide qui se déroule aujourd’hui dans mon pays, en présentant ce que nous subissons, comme une réponse à une conspiration des vestiges de l’ancien régime.

J’accuse toutes les GNGO, qui participent à la promotion de ce récit de dissimuler les faits et les vérités et de justifier les appels à la punition collective de trois millions d’Alaouites en Syrie.

J’accuse, le petit homme, Geir Pedersen d’avoir fui en Norvège à un moment où sa place naturelle devrait être de dénoncer ce qui se passe devant le Conseil de sécurité et la communauté internationale…

J’accuse les agences de presse internationales de garder le silence sur les crimes en cours, qui, selon une équipe d’enquête formée par 13 ONG de défense des droits de l’homme, ont coûté la vie à 2 012 civils, tués par des takfiris syriens et étrangers qui font partie de l’alliance militaire au pouvoir à Damas.

Des milliers de civils fuyant les massacres vers la région d’Akkar au Liban, la base militaire de Hmeimim et les montagnes de Lattaquié revivront les scènes des bateaux de la mort si la communauté internationale continue sa complicité actuelle avec les criminels et garde le silence à leur sujet.

La haine sectaire est une arme de destruction massive pour les peuples de la région. Elle est la traduction locale du racisme, et quiconque garde le silence à son sujet participe à sa propagation.

Haytham Manna

 

 

Haytham Manna est l’auteur de Les Parias de Damas. les Points sur les i éditions 2017

 

Cette contribution est publiée dans le cadre de notre partenariat avec Madaniya info

* Le portrait de Haytham Manna ICI

 

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