Chacun se souviendra de la petite phrase « L’État de droit n’est pas intangible » prononcée par Bruno Retailleau. Comment un ministre de l’Intérieur en fonction a-t-il pu contester la prééminence de L’État de droit qui fait respecter l’égalité des citoyen.ne.s et la séparation des pouvoirs ? On peut voir dans cette défaillance le signe d’une déliquescence dans laquelle nous a plongé un président en fin de règne dont la perte de légitimité crée un espace qui permet à des acteurs illégitimes de s’imposer. En cette période confuse, il nous a semblé utile d’évoquer avec Nathalie Tehio, la nouvelle présidente de la Ligue des droits de l’Homme, le recul progressif et continu de nos libertés publiques et les menaces qui pèsent sur nos droits fondamentaux.
Certain.e.s citoyen.ne.s qui veulent défendre leurs droits, prendre la parole, agir pour eux.elles-mêmes et pour les autres s’exposent à la répression tandis que d’autres sombrent dans la dépression. Aujourd’hui, ils et elles sont de plus en plus nombreux.ses. Dans la rubrique Société nous nous penchons sur le vécu d’une partie de la jeunesse qui perd la capacité de se projeter dans l’avenir. Et nous revenons sur l’enjeu politique de la psychiatrie en accueillant le point de vue de Robert Brès, cofondateur de la Maison des Adolescents de l’Hérault.
À l’heure où la santé est devenue la première préoccupation des français.e.s, nous consacrons notre dossier à « La santé à deux vitesses ». Un intitulé qui renvoie aux droits et au devoirs du respect de l’égalité devant la santé. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre d’associations et d’ONG qui s’emploient à lutter contre les inégalités sur nos territoires. Nous décryptons également les politiques de santé menées à l’échelle des villes comme Sète et Montpellier qui proposent des mutuelles municipales. Dans l’arrière-pays la résorption des déserts médicaux occupe une bonne partie du temps de l’urgentiste, vice-président du Conseil régional, Vincent Bounes qui s’en explique dans un entretien où il détaille la politique de santé de la région Occitanie.
Depuis la pandémie de Covid-19, la situation financière des établissements de santé — publics comme privés — s’est dégradée. S’y ajoute, pour les hôpitaux principalement, des difficultés à recruter du personnel se répercutant sur leurs activités. Nous consacrons plusieurs articles à la situation en Occitanie et Sud-Paca, notamment aux services des urgences d’Avignon et de Digne.
Pour élargir notre regard nous avons recueilli des témoignages de personnels médicaux et de patients dans différents lieux et disciplines. Tous disent le besoin urgent d’investir pour assurer des pratiques de santé et d’action sociale justes et équitables, qui respectent les droits et les besoins des personnes. Les choix politiques du gouvernement en la matière repose pour une bonne part sur la financiarisation du secteur hospitalier privé lucratif, qui ne pèsent pas sur les comptes publics et se manifeste par l’intervention de fonds d’investissement dans le capital de groupes de cliniques privées. D’autres segments du système de santé comme la radiologie, l’ophtalmologie, les soins dentaires, la pharmacie d’officine et les soins primaires sont également concernés par l’arrivée d’investisseurs privés. « On peut craindre que la recherche d’efficience et de rentabilité prenne le pas sur l’attention au patient et le service à la population, qui caractérisent le fondement de l’éthique médicale », témoigne un chirurgien du CHU de Montpellier.
La réduction du financement des services publics fait la part belle aux implacables dynamiques capitalistiques en jeu dans l’hexagone. Dans la rubrique Économie sociale et solidaire, Benoît Hamon, président d’ESS France, répond à nos questions. « Nous sommes une économie qui accepte de réparer les blessures de ce monde. Nous pouvons donc nous substituer à l’économie conventionnelle dans beaucoup de domaines », affirme-t-il.
Toujours dans les pages ESS, l’article réjouissant de la pédagogue Patricia Vallet nous parle de désir dans le champ du travail social. « Ce qui me parait important c’est de rester souple et ouvert à d’autres approches, écrit-elle, pour se nourrir ensemble de la complexité de nos vies, de nos recherches et de nos amours ! »
Jean-Marie Dinh