Toute la semaine, chaque jour nous recevons non seulement les compte rendus des activités formidables que les équipes d’Abu Amir, correspondant de l’UJFP à Gaza, et Marsel, responsable du centre Ibn Sina, persistent à organiser, à maintenir depuis maintenant plus de sept mois dans les quatre camps de Déplacé.e.s, mais tous les jours Abu Amir envoie également un texte descriptif et documenté sur la situation générale de la guerre de destruction de la bande de Gaza.


 

« Dès qu’Israël a clos le chapitre de son affrontement avec le Liban par un cessez-le-feu, elle a dirigé toute sa puissance militaire vers la bande de Gaza, comme si elle cherchait à s’isoler pour mieux cibler le territoire, sans entrave. Les attaques brutales de l’armée israélienne ont atteint des niveaux sans précédent, dépassant même l’intensité de la violence avant le cessez-le-feu avec le Liban. Ces escalades incessantes ont transformé Gaza en un champ de bataille ouvert, où les massacres se produisent quotidiennement contre des civils, dans un silence international qui suscite des interrogations et des inquiétudes. »

Quand on emploie le mot « sans précédent » ce n’est pas pour faire un effet de style ou de catastrophisme démesuré, c’est la réalité concrète, sourcée qui se déroule sous nos yeux !

« Des armes sophistiquées pour une extermination méthodique

Selon le ministère palestinien de la Santé, l’armée israélienne utilise des armes extrêmement sophistiquées dans ses attaques contre Gaza, des armes soupçonnées d’être conçues pour causer des destructions massives et une extermination ciblée. Ces armes, selon les rapports, vaporisent littéralement les corps, rendant difficile l’identification des victimes ou même la récupération de leurs restes. Ces scènes horribles reflètent le niveau de brutalité exercé contre les habitants de Gaza et soulèvent des questions sur l’engagement de la communauté internationale envers les principes humanitaires et le droit international.

En conclusion : Gaza entre la vie et la mort

« Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas une simple agression, mais une extermination méthodique visant un peuple tout entier. Le monde entier porte la responsabilité de ce silence honteux, et si les choses continuent ainsi, la cause palestinienne entrera dans sa phase la plus dangereuse. Cependant, l’espoir demeure que la conscience humaine se réveille pour sauver Gaza et son peuple de cette tragédie. Gaza ne mourra pas, mais elle a besoin du soutien du monde pour mettre fin à cette agression brutale. »

La continuité des projets, une lueur d’espoir

En face de cette abomination, nos correspondants relatent sans relâche par exemple le suivi du projet agricole dans la région de Deir Al Balah qui redonne vie non seulement à la terre mais aussi aux agriculteurs eux-mêmes.

 Le sourire des agriculteurs : premiers signes de succès

 » Les agriculteurs ayant bénéficié de cette initiative ont exprimé leur immense joie, notamment en commençant la récolte de la corète (molokhia) plantée en collaboration avec l’UJFP. Pour ces agriculteurs, l’initiative a été une bouée de sauvetage qui leur a permis de reprendre leur travail dans leurs terres après une année entière d’arrêt forcé dû à la situation sécuritaire qui les avait contraints à abandonner leurs terres. Cette initiative a non seulement amélioré leur situation économique, mais a également ravivé leur confiance, ils ne sont pas seuls face aux défis. »

Cette initiative, sur les terres abandonnées, qui perdure depuis fin Septembre, permet non seulement de nourrir le camps des agriculteurs mais aussi de lutter contre le monopole des marchés en consolidant l’esprit et le travail de collaboration pour revivifier Gaza et faire « un pas vers l’avenir ». Le soutien continu et nécessaire de la solidarité internationale, notamment pour ces projets de l’UJFP permet au jour le jour d’aller au-delà de l’humanitaire, certes essentiel :

« Ce projet n’est pas qu’une initiative agricole, mais un message pour tous ceux qui souffrent à Gaza : il y a de l’espoir en la vie, et il y a toujours une chance de revenir au travail et à la production lorsque la volonté et le soutien sont présents. »

L’agriculture, l’éducation en temps de guerre qui est un espoir pour les enfants de Gaza, le soutien psychologique des femmes et des hommes dans les camps de Déplacé.e.s, autant d’activités concrètes qui restaurent des valeurs humaines et contribuent à la résistance quotidienne.

Deuxième hiver de cette guerre génocidaire

Nous sommes en Décembre, l’hiver est là avec un froid mordant qui rend la vie sous les tentes presque insoutenable, en l’absence de moyens de chauffage ou d’équipements adéquats pour faire face à la chute des températures. Les pluies abondantes aggravent encore la situation, inondant les tentes et les chemins du camp, détruisant matelas et couvertures, et laissant les familles exposées à un froid implacable. Aucune protection contre le froid dans ces situations d’habitats plus que précaires où les tentes s’abîment, le vent emporte les bâches et sur la plage les embruns se mêlent à la pluie : une détérioration quotidienne sans possibilité de renouveler le stock de bâches, couvertures et vêtements. Encore un défi à affronter pour les équipes d’Abu Amir et Marsel car Israël bloque l’entrée de couvertures, de vêtements et de chaussures.

Une perspective internationale ?

À partir du désastre à Gaza que le monde regarde, le 25 Novembre 2024 un article d’Omar Barghouti — un des responsables du mouvement Boycott Désinvestissement Sanction en Cisjordanie — a été publié dans le Guardian où il parle de la nécessité de décoloniser l’ONU ; c’est-à -ire entamer un processus de transformation qui intègre le point de vue des communautés marginalisées et des plus touchées.

«  Par décolonisation de l’ONU, j’entends un processus de transformation qui intègre les perspectives des communautés et des nations marginalisées et les plus touchées, en particulier celles qui souffrent encore du poids de l’héritage colonial qui se manifeste sous forme de dettes, de développement inégal et de pillage pur et simple des ressources naturelles. Ce processus radical mais progressif vise à réclamer l’ONU en tant qu’héritage de l’humanité au sens large et en tant que seule organisation capable d’incarner les principes de justice, de paix, de dignité humaine et de salut collectif. »

Cette proposition peut paraître illusoire et idéaliste dans un premier temps, mais elle exprime une proposition qui ouvre la réflexion des peuples et des nations à imaginer une réalité différente pour le monde, car nous n’en avons qu’un seul de monde !

Brigitte Challande

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.