Le renouvellement du jumelage entre les deux villes de Montpellier et de Chengdu ouvre sur de nouveaux projets, assez innovants et variés, dont l’implantation éventuelle d’un groupe chinois du côté du Biopôle.
À votre santé ! Le voyage à Chengdu a permis de renouveler jusqu’en 2030 le jumelage entre Montpellier et la capitale du Sichuan, signé par Michaël Delafosse et Wang Fengchao. Tout s’est bien passé, même s’il a parfois suscité un certain étonnement, certains s’interrogeant sur ces tribulations dont le coût serait chiffré à 100 000 euros, sur la « drague » de Michaël Delafosse et ses vacances chinoises en famille, ou sur les discours des responsables communistes, moins touchants sans doute que la lettre confiée par Brigitte Macron pour son filleul panda Yuan meng, son « vœu réalisé »1…
Plein d’idées dans les valises
Bilan global positif néanmoins. Échanges sportifs réussis, pour le FISE à Shanghaï, et autour de la belle image de la France donnée au ping-pong par les frères Lebrun, jolis projets pour des expos « Guimet + » au musée Fabre, et pour des jeux vidéo avec Ubisoft. Dans le domaine vinicole, une coopération datant de 2011 a été renouvelée entre les viticulteurs de Montpellier et l’établissement chinois de promotion de la coopération européenne EUPIC (Centre d’innovation des projets de l’UE), car les vins sont très appréciés, notamment le rouge occitan. Rappelons que l’ambitieuse « MédVallée », soutenue par l’État et la Région, conjugue trois filières : Santé, Environnement, Alimentation…
Outre la coopération universitaire et le renforcement des échanges dans le domaine de la recherche, représenté par François Pierrot, vice-Président de l’Université, en charge des Relations Internationales, l’objectif Santé était donc un sujet privilégié. Les représentants de Montpellier ont visité l’hôpital mère-enfants de Chengdu CWCCH (Chengdu Women’s and Children’s Central Hospital), rattaché à l’UESTC (University of Electronic Science and Technology of China), où une visioconférence avec le CHU de Montpellier a permis d’explorer la piste d’échanges en pédiatrie, gynécologie et sur le traitement de l’infertilité.

Projet novateur, approche holistique
Invité à Chengdu, Nicolas Giraudeau, enseignant chercheur et chirurgien-dentiste au CHU, président de la Fondation de l’Université, et coordonnateur de MédVallée, envisage de dupliquer son projet « Montpellier Santé Orale2 » car il s’agit du premier groupe international intégré dans M Oral Health3. Il allie technologie digitale et l’étude des liens qui unissent ceux qui sont concernés, patients comme soignants, dans ce qui concerne la santé orale, domaine bien plus large que le bucco-dentaire, comprenant donc aussi nutrition, parole, respiration, tabac… « C’est un projet novateur, car il est question d’une approche holistique, explique Nicolas Giraudeau. Il est intéressant de confronter les cultures. Nous avons vu beaucoup d’écrans vidéo en Chine, et il s’agit de verbaliser pour les acteurs de la santé, dans les soins comme dans la prévention ». Il serait possible de reprendre ce projet, d’en faire un « Cheng Du Santé Orale ». Les médecines chinoises étant depuis toujours holistiques, c’est-à-dire prenant soin du patient dans sa globalité — corps et esprit —, l’étude mérite réflexion. « Ce sont de nouvelles visions, précise le montpelliérain expert de l’OMS. La littératie4 permet de s’exprimer, comprendre, communiquer ». Cette notion représente la capacité des personnes à accéder à l’information pour pouvoir prendre en charge leur santé.

Une nouvelle recherche de la santé orale
La visite des services de la maison « Mère Enfant », qui compte près de 16 000 naissances par an — Montpellier en compte 3 800 — a permis d’autres projets. Nicolas Giraudeau, qui poursuit celui du CHU d’accompagner la santé orale dans les entreprises, envisagerait d’en faire le test dans cet hôpital et dans le milieu scolaire, à l’École de Montpellier à Chengdu, pour détecter par exemple les troubles de l’oralité, ou l’apnée du sommeil. Ce représentant de la recherche médicale s’est déclaré très enthousiaste, la France étant reconnue dans le domaine de la santé comme « un pays de savoir et de qualité », et il se propose de défendre le numérique sans négliger le contact humain !
Des recherches sur les cellules souches
Auparavant, l’équipe montpelliéraine s’est rendue à Shanghaï sur le site de Health-Biotech Group, reçue par son PDG Han Zhihai. Le professeur Jean-François Rossi, hématologue du CHU, a pu échanger sur la question des cellules souches et la réparation en dermatologie, neurologie, immunothérapie, ainsi que sur les questions concernant diabète et Parkinson. « Health-Biotech H&B » qui emploie 1 000 salariés comprend trois secteurs : Health Ark (numérique), Healthy Athletic Space (cosmétiques et compléments alimentaires) et Cell Sumeru (thérapies génétique et cellulaire).

Le groupe est en quête d’un terrain de 5 000 m2 qui pourrait faire partie du « 4e plot du Biopôle » à Euromédecine, le marché ayant été lancé récemment, fin septembre. L’entreprise chinoise est intéressée par une implantation à Montpellier, les chercheurs et partenaires aussi, et le maire Michaël Delafosse s’est déclaré tout à fait favorable à cette installation. Voilà qui est de bon augure pour le nouveau jumelage !
Michèle Fizaine
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Notes:
- « Yuan Meng » signifie « réalisation d’un rêve, d’un souhait ».
- La santé orale permet aux individus d’effectuer des fonctions essentielles, telles que manger, respirer et parler, et englobe des dimensions psychosociales, comme la confiance en soi, le bien-être et la capacité de créer des liens sociaux et de travailler sans douleur, inconfort ou gêne.
- Le programme M Oral Health de l’OMS permet d’améliorer l’information en santé orale grâce au numérique, en utilisant les téléphones portables pour envoyer des messages de santé et en développant la télémédecine.
- Aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. (OCDE)