La sortie de « Côté Passager 2 » est aussi une fête de l’atelier de rap à La passerelle de Sète, samedi prochain. “Big up” !


 

Toujours sur la route du rap, Petitcopek a un permis de conduire une soirée particulière, une fête samedi 23, qui célèbre, avec Chichois Production, la sortie de son nouveau CD et vinyle, la veille. « Côté passager 2 » est la suite du premier album, même si justement ce n’est pas vraiment la suite, comme le dit le titre : « Le premier morceau il a rien à voir ! » Et puisque son trajet est à découvrir, on embarque sur scène les jeunes de l’atelier « Oze ta créa », qui a lieu tous les mercredis après-midi à La Passerelle.

 

Couleurs des amours au soleil

 

Petitcopek ne prend pas le volant… « Côté passager » est de sortie samedi à La Passerelle (Ph. @tom_hgn)

« J’ai voulu faire autre chose dans le volume 2 », déclare d’entrée Petitcopek. Et ça roule, même s’il ne conduit pas mais prend des virages amoureux assez étonnants. Il a changé de formule, il a d’abord fait sa vie dans les univers des beatmakers comme M-Kash, La Chip’s, ou partagé « Macaronight » avec Doc Had, mais il a cette fois encore exploré YouTube. Comme dans le volume n°1, plein de soleil et d’humour, il a puisé ce qui l’inspirait comme instruments : « J’ai cherché partout pour trouver un choix de couleurs personnelles ». Du coup on découvre de nouveau des teintes sud-américaines, de bossa nova brésilienne et de cumbia colombienne, et cela fait partie du voyage : « C’est mon discours, mon personnage, mon projet. » Ainsi dans « Grosse tête » le jeune Fraco est invité à chanter. La flûte aussi. On met la gomme, même si Lorenzo-Petitcopek assure : « Je suis toujours le même. »

Sa quête amoureuse n’est pas passagère. Climats et questions sont présentés différemment, entre idéal et réalité. « Madame » et ses rêves, ses couples modèles, les détours de la route sentimentale, un monde paradoxal et ses nuances instrumentales, piano, jazz — retour du beat avant le trait du bic. Voilà de nouvelles amours, après avoir réglé le compte des « ex » dans « La première »*, et imaginé « Effacer tes doutes »*, un des plus beaux morceaux de l’étape précédente. Lorenzo invite sa « chérie » à chanter dans « Relations toxiques et cigarette ». Il ne faudra pourtant jamais dire « jamais » car à la nostalgie de « Ti amo » va succéder bientôt la promesse que « L’été reviendra », et l’idée d’autres virées à venir était déjà dans certains titres. Sans oublier : « J’veux qu’on s’aime pour toujours ».

 

Une Passerelle vers le rap du futur

 

Atelier à la Passerelle : échanges entre Petitcopek et les jeunes rappeurs, Fraco, Kalam, Zema, Palmire… Photo. MF

Comme tous les mercredis, les jeunes rappeurs sont venus la semaine dernière à l’atelier « Oze ta créa ». La Passerelle est un lieu sétois mythique dans l’histoire du rap. Petitcopek y a participé il y a plus de dix ans, lorsque Demi-Portion a accueilli et aidé les futures vedettes sétoises, et depuis une nouvelle génération est en train de se former. Lorenzo continue à partager, à transmettre, à échanger avec cette jeune « famille ».

Pour le rappeur indépendant, le voyage ne commence pas aujourd’hui. Il y a eu des étapes, des événements : le projet qui a réuni France Allemagne et Bulgarie en 2022, les concerts réguliers à Toulouse pendant quatre ans, l’historique première partie au Bataclan avec Demi Portion, le Demi Festival en été, mais aussi tous les ateliers, au foyer des jeunes travailleurs, en milieu scolaire. En août il a aussi installé un « labo » de rap au CRAC où il a partagé en live la création d’un morceau, « L’anarchitecte ». Et La Passerelle ! « Il y a un vrai élan, remarque Petitcopek. Et des identités très différentes. Tous ces jeunes font un travail personnel, et cela va au-delà du rap. Il faut vraiment répondre à chacun, pour donner un coup de pouce, au-delà de la production, pour une professionnalisation ».

Tout au long de l’atelier, mercredi dernier, on découvrait l’engagement de ces jeunes rappeurs, leurs mots qui touchent, une belle émotion, et le travail sur les rythmes, les nuances, les expressions, les postures, la scène, tous les choix de l’interprétation de ce que chacun apporte. Petitcopek dit merci à la musique, et il accueille bien des styles, la chanson, la pop, le latino. Les participants ont de 19 à 28 ans (parfois moins), ils sont une dizaine, enfants de Sète ou de Frontignan. « Certains sont moins avancés mais ils doivent atteindre leurs objectifs, déclare Lorenzo. Avant on travaillait plus à plusieurs, entre copains ».

Petitcopek a participé à des masterclass à Montpellier, mais à Sète c’est différent, il y a un réel accompagnement, un vrai partage. Il remarque toutefois : « Maintenant c’est moins collectif, le partage est différent, chacun a sa recherche artistique, et moins l’envie de faire en commun. C’est à la carte, je peux les aiguiller pour atteindre leurs objectifs. C’est le monde actuel. Le rap a évolué. Mais inviter un copain, c’est toujours quelque chose de fort, d’important. »

Ils seront donc dix rappeurs en première partie samedi, et c’est sûr la « famille » est à découvrir aussi. Partager leurs aventures fait partie du projet de Petitcopek. Son « Côté passager » est un choix de vie, et d’amour. Et un permis de construire car pour le rap d’aujourd’hui, l’aventure n’est pas terminée. Il n’est pas au volant, il a fermé sa portière, mais il a baissé la vitre.

Michèle Fizaine

 

« Côté passager 2 », la suite d’une aventure personnelle. En CD et en vinyle.

 

*Bonus : Tous les clips de Petitcopek, pour patienter en attendant de découvrir le volume 2 samedi.

Programme. Sortie de l’album « Côté Passager 2 », EP de neuf titres, version CD et vinyle (pochette Amin Rahhali), vendredi 22, rendez-vous à 18h30, avec Petitcopek et Chichois Production, à Diskomaniacs, la maison de disques de Pascal Larderet, 25 rue de Tunis à Sète.

Concert de sortie de l’album, avec Petitcopek, ses musiciens et le DJ Doc HAD, samedi 23, de 18h à 23h30. En première partie, atelier « Oze ta créa » : Nyto, Zéma, Skinny, 7 Connexion, Palmire, Fraco, Ytrezay, Lasta, Morisse, Kalam. Tarif : 10 € (réduits 7 et 5 €). Réservation

Lire aussi : Contre le Rassemblement National les rappeurs donnent de la voix

Avatar photo
J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.