Au 84e Congrès HLM qui se déroule de mardi à jeudi à Montpellier, le secteur espère accueillir la nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, pour évoquer avec elle les difficultés et tensions liées aux logements sociaux en France.
En pleine crise du secteur immobilier, le logement social ne fait pas exception. « La crise du logement est forte et sans précédent », s’inquiète auprès de l’AFP Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale de l’habitat (USH), confédération de bailleurs qui représentent 80 % des logements sociaux. Elle réclame du gouvernement « un sursaut pour que la crise du logement ne se transforme pas en crise sociale » et « une dynamique politique portée nationalement » pour les HLM.
Annoncée samedi soir, la nomination de la députée UDI Valérie Létard comme ministre du Logement et de la Rénovation urbaine est relativement bien accueillie par le mouvement HLM. « Nous avons une interlocutrice qui connaît bien les sujets et qui, je pense, sera dans l’écoute », s’est réjouie Mme Cosse, saluant également le retour d’un ministère du Logement de plein exercice.
Budget gelé
L’Union sociale pour l’habitat (USH) a invité « tous les membres du gouvernement concernés » par les questions de logements sociaux à son Congrès, mais n’avait, dimanche, pas encore d’informations sur leurs venues. Principal point de tension pour les bailleurs sociaux : la hausse des demandes de logements sociaux couplée à une baisse de la construction. Le nombre de personnes en attente d’un logement social a atteint un record à 2,7 millions, au premier semestre 2024, tandis que les créations de nouveaux logements sociaux ont ralenti à 82 200 logements sociaux agréés en 2023, contre 124 200 en 2016, année de référence choisie par l’USH.
Au total, les organismes HLM possèdent 4,8 millions de logements en France métropolitaine (sur un total de 5,9 millions de logements sociaux en France), un chiffre qui n’a augmenté que de 6,7 % depuis 2016.
S’ajoute le défi de la rénovation énergétique : 16 % du parc social de France métropolitaine présente un diagnostic de performance énergétique E, F ou G, des classifications qui correspondent aux logements les plus énergivores et qui vont être progressivement interdits dans les années à venir. Les travaux d’ampleur nécessaires à la transition énergétique des bâtiments sont extrêmement coûteux. Une enveloppe de 1,2 milliard d’euros sur trois ans, avait été promise par l’ancien ministre du Logement Patrice Vergriete à l’issue du congrès de 2023. Mais « cette enveloppe a d’ores et déjà été gelée sans débat préalable en juillet par (le ministre démissionnaire de l’Économie) Bruno Le Maire de plus de la moitié », dénonce Emmanuelle Cosse.
8 milliards prélevés sur les recettes des bailleurs sociaux
La réduction de loyer de solidarité (RLS) fait aussi partie des grandes préoccupations de l’USH : la RLS est imposée depuis 2018 aux bailleurs sociaux pour compenser la baisse de cinq euros de l’aide personnalisée au logement (APL). Cette « ponction par l’État » selon Mme Cosse, représente 8 milliards d’euros prélevés sur les recettes des bailleurs sociaux depuis 2018, d’après l’USH, et ainsi détournés des caisses qui financent la construction de nouveaux logements. « On souhaite récupérer la RLS pour les opérations de production et de rénovation de logements », avance Emmanuelle Cosse.
L’USH a donc « des demandes pour le projet de loi de finances » 2025, pour relancer la production et la rénovation de logements sociaux, résume sa présidente. Si Emmanuelle Cosse « ne doute pas de la compréhension des enjeux » de Valérie Létard, elle s’interroge sur « l’écoute et le soutien » dont elle va bénéficier au sein du gouvernement et notamment de la part du ministère de l’Économie et du Premier ministre Michel Barnier.
Le Congrès USH est traditionnellement un rendez-vous politique important qui voit défiler les personnalités politiques liées au logement et aboutit régulièrement à des engagements de la part du gouvernement. Néanmoins « le Congrès ne tourne pas qu’autour de la politique », rappelle Mme Cosse, et sera centré cette année sur le thème de l’innovation pour explorer les solutions des HLM pour s’adapter aux besoins des locataires modestes et aux difficultés qu’ils rencontrent.
Avec AFP
Photo. Le quartier de La Devèze à Béziers