L’Institut de l’Économie pour le Climat estime que les investissements des collectivités territoriales devraient augmenter pour atteindre 19 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 afin de respecter les engagements climatiques de la France.


 

Les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer pour l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de la France à 2050, inscrits dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Du fait de leur patrimoine et de leurs compétences, elles doivent porter de nombreux investissements climat, mettre en place des stratégies et plans d’action, et déployer des actions d’animation des acteurs de leur territoire.

Si les leviers pour décarboner les territoires sont de mieux en mieux connus, le volet économique de l’action en faveur du climat à l’échelle locale reste quant à lui relativement inexploré : les communes, intercommunalités, départements et régions, à supposer qu’ils le veuillent, sont-ils en capacité d’investir à hauteur des besoins tels qu’ils découlent des documents de planification écologique de l’État lui-même ?

Dans la continuité de travaux antérieurs, cette étude vient dresser un paysage d’ensemble des enjeux économiques et budgétaires du financement de l’action climatique des collectivités locales. Ce faisant, elle cherche à alimenter plusieurs débats actuellement en mouvement :

Les collectivités locales dépensent de plus en plus pour la transition écologique, mais restent loin du compte pour tenir les objectifs climatiques de la France. Ce constat est effectué par l’Institut de l’Économie pour le Climat (Institute for Climate Economics : I4CE), qui a publié, le 13 septembre, son « Panorama des financements climat des collectivités locales », en pleine polémique sur le dérapage des finances publiques. Le gouvernement démissionnaire accuse les collectivités locales d’en être en grande partie responsables. « Seize milliards d’euros » de dépenses non prévues, a souligné Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des comptes publics démissionnaire. « Des chiffres complètement fallacieux », a rétorqué André Laignel, président du Comité des finances locales.

Or, selon les calculs de l’I4CE, les communes, départements et régions devraient investir 19 milliards en moyenne par an dans la transition écologique jusqu’en 2030 pour respecter les engagements climatiques du pays. Un effort conséquent puisque leurs sommes consacrées à cet enjeu n’ont été « que » de 10 milliards en 2023, selon les estimations des experts. « Les collectivités locales investissent de plus en plus dans la transition, elles doivent continuer à le faire », résume Damien Demailly, directeur adjoint de l’institut, avant d’esquisser la quadrature du cercle. « l y a une incompatibilité entre la stratégie de désinvestissement qui leur est demandée et les investissements attendus. »