« Notre vote n’a pas été respecté ». À Montpellier comme dans un grand nombre de villes françaises, iels sont descendu.e.s massivement dans la rue pour dire leur colère deux jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon, vécu comme un nouveau coup de force du président de la République qui refuse d’accepter le verdict des urnes.


 

L’appel à la mobilisation du 7 septembre marque la rentrée politique pour le peuple français après les mois d’épreuves — peu olympiques — qu’Emmanuel Macron a fait vivre au pays. Cet appel est venu de l’Union syndicale lycéenne (USL), via les réseau sociaux, et s’est renforcé après la nomination du plus âgé Premier ministre de la Ve République. De nombreuses associations de la société civile ont relayé l’USL et l’Union étudiante ainsi que les partis de gauche à l’exception du PS qui n’a pas officiellement annoncé sa participation au cortège en raison de rivalités internes, même si plusieurs sections locales se sont mobilisées.

À Montpellier, le rendez-vous avait été donné en fin de journée devant la préfecture où se sont pressées, dès 18 heures, des personnes venues de tous horizons et de toutes générations pour défendre la démocratie. Près de 7 000 personnes selon les programmateurs, 5 400 selon la préfecture, cet élan spontané a largement dépassé les espérances des organisateurs comme le périmètre de la place de la préfecture. Samedi, le cortège bigarré s’est étiré jusqu’à la place de la Comédie dans une ambiance festive, bien qu’emprunte de gravité.

Si le choix du Premier ministre revient au président de la République, en nommer un issu d’un parti (LR) qui représente 4 % des suffrages au second tour des législatives, après avoir essuyé plusieurs échec dans les urnes, est considéré par les Français.e.s comme un abus de pouvoir. L’usage abusif de la constitution et le modèle bonapartiste de la gouvernance Macron ont touché la société française d’une manière inédite, ce que l’on peut lire à travers l’ascension fulgurante du RN, à deux pas de prendre le pouvoir, et le réveil républicain salutaire qui a suivi. Or, en dépit des usages de la Ve République, le président tente d’abuser de la situation pour poursuivre sa feuille de route néolibérale.

 

 

« Je ne suis pas contente alors j’ai fait une pancarte », « Des crêpes flambées au grand Barnier »,  « Macron démission », « C’est l’heure de la VIe république », « Le gouvernement va continuer à aller dans le sens des patrons, avec la baisse des finances au service public. J’aimerais qu’il aille dans le sens des gens», ou encore, « Je ne sais plus contre quoi manifester tellement vous merdez », pouvait-on lire sur les pancartes à Montpellier.

Partout en France la mobilisation du 7 septembre s’est imposée de manière fulgurante. Le nombre de personnes comptabilisées apparaît moins important que la nature et les composantes de ce mouvement citoyen. Portée par la jeunesse soutenue par la société civile et accompagnée par les partis de gauche, elle atteste que le déni de démocratie nous touche collectivement. Elle promet aussi d’autres moments d’effervescence collective liés à ce mouvement d’ampleur et arrive comme une réponse à ceux qui parlent aux « gens d’en bas » pour dire que la responsabilité de chacun.e ne se décrète pas par le haut.

JMD

 

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.