En dépit des JO, ce numéro d’été s’inscrit dans un contexte de crise internationale politique, économique et sociale persistant qui ouvre sur beaucoup d’incertitudes. La France traverse une période inquiétante. Elle a vu une partie non négligeable de sa population céder aux sirènes de l’extrême droite et une majorité de son peuple se ressaisir pour défendre les valeurs de la République.
Puisant dans le chaudron des résistances, notre rubrique Méditerranée ravive le souvenir d’un épisode enfoui de notre histoire, celle des guérilleros espagnols qui furent parmi les premiers à prendre les armes en France contre l’occupation nazi.
L’inquiétude et les peurs liées à l’instabilité de notre situation doivent beaucoup à la conquête du pouvoir qui intéresse peu notre rédaction. Ce qui ne nous éloigne pas du politique, de la cité, des citoyen·ne·s et de la gestion des territoires. Un bon nombre des circonscriptions du Sud de la France a basculé vers le RN, notamment dans l’arrière-pays où les citoyen·ne·s sont exposé·e·s au recul constant des services publics et à de nombreuse vexations.
Tandis que les collectivités demandent plus de moyens et d’autonomie afin d’améliorer la qualité de vie de la population, à travers des évolutions économiques, sociales, environnementales et culturelles l’État jacobin envisage de nouvelles ponctions. Avant de rendre son tablier, le gouvernement Attal envisageait de nouveaux prélèvements sur les collectivités territoriales pour compenser ses piètres résultats. Au vu du peu de cas fait à la décentralisation dans les programmes des partis en lice pour les législatives, nous nous interrogeons sur l’avenir. Le prochain gouvernement considèrera-t-il lui aussi les collectivités comme une variable d’ajustement ? Quelle place accordera-t-il à l’économie sociale et solidaire ?
« Il n’est pas nécessaire de vivre dans un pays totalitaire pour être corrompu par le totalitarisme », constate Orwell dans Comment meurt la littérature où il met en garde le lecteur contre l’uniformisation de la pensée. Le travail romanesque, mais également le travail journalistique ont besoin d’une pleine liberté d’expression pour rendre compte de leurs idées. Une liberté de plus en plus menacée dans les grands médias. Dans quelle mesure la presse indépendante est-elle susceptible de reprendre le flambeau ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les « État généraux de la presse libre » à Montpellier, dont nous rendons compte dans notre rubrique citoyenneté.
40 % des français ne partent pas en vacances selon l’observatoire des inégalités. Jamais les écarts de taux de départ n’ont été aussi forts entre une France modeste, rurale ou périphérique et une France urbaine de centre-ville, de cadres de grandes entreprises et de la fonction publique. Le poids croissant de la financiarisation de l’économie qui accentue les inégalités de salaire et la concentration du capital n’y est pas étranger. C’est ce qui ressort en creux du dossier que nous consacrons dans ce numéro à la relation Travail/Vacances. Une occasion d’ausculter la valeur travail dont on nous rabat les oreilles à partir de témoignages différents, ceux de la jeunesse, de penseurs et de philosophes, d’un poète, de professionnels de l’insertion, de travailleurs étrangers exploités… Les règles du droit du travail sont intimement liées aux droits humains et à la démocratie.
Ce dossier pose aussi quelques réflexions sur les notions de bénévolat, de salaire, de droit au vacances, et de la puissante aspiration à bien vivre son loisir au risque de détourner le peuple d’un travail qui n’aurait plus de sens.
Jean-Marie Dinh
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