La France considère que le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental est désormais « la seule base » pour aboutir à une solution politique négociée, écrit le président  Macron dans une lettre adressée au roi Mohammed VI rendue publique le 30 juillet par Rabat et l’Élysée. L’Algérie a annoncé le « retrait avec effet immédiat » de son ambassadeur en France, en protestation.


 

Évolution de la position française sur la question du Sahara occidental1. Paris considère que le plan d’autonomie du Maroc est désormais « la seule base » pour aboutir à une solution politique négociée, écrit le président Emmanuel Macron dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohammed VI, rendue publique mardi 30 juillet par Rabat et l’Élysée.

« Je considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », écrit Emmanuel Macron dans cette lettre. Le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental est « la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », ajoute-t-il.

Il y a un an le roi Mohammed VI avait exhorté les pays partenaires du Maroc à « clarifier » leur position sur la question du territoire disputé du Sahara occidental et à le soutenir « sans aucune équivoque (…) Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit », avait-il souligné.

Mardi, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé le « retrait avec effet immédiat » de son ambassadeur en France, après le soutien apporté par Paris au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental.

« La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires », a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS), dénonçant un « pas qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir ».

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc — qui propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté — mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, qui réclament un référendum d’autodétermination prévu lors d’un cessez-le-feu en 1991 mais jamais organisé.

L’ONU considère ce territoire, aux riches eaux poissonneuses et aux importantes réserves en phosphates, comme un « territoire non autonome ».

« Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant », écrit le président français.

« Au demeurant, la poursuite du développement économique et social de cette région est un impératif. Je salue tous les efforts faits par le Maroc à cet égard. La France l’accompagnera dans cette démarche au bénéfice des populations locales », ajoute Emmanuel Macron.

 

Une « décision contre-productive » pour Alger

 

« Le gouvernement français ne s’en cache plus : en déclarant officiellement ces jours-ci soutenir le “plan d’autonomie marocain”, c’est l’occupation violente et illégale du Sahara occidental que la France soutient », a dénoncé Mohamed Sidati, chef de la diplomatie sahraouie, dans un communiqué publié lundi soir par l’agence sahraouie Sahara Press Service (SPS).

La position française devrait crisper un peu plus les relations entre la France et l’Algérie. Cette dernière avait fait part dès jeudi dernier de sa « désapprobation » face à une « décision inattendue » de Paris sur la question du Sahara occidental.

« Un choix, mais à quel prix ? », s’interroge de son côté le député communiste Jean-Paul Lecoq : « On ne peut pas s’arranger avec le droit international, et tous ceux qui veulent s’en arranger génèrent de la violence. Comment le président de la République, alors qu’il en appelle à une trêve politique, choisit ce moment pour prendre une décision politique de la plus haute importance. »

Indiquant en avoir été informé quelques jours plus tôt, Alger avait fustigé une « décision inopportune et contre-productive » qui « n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique » de ce dossier.

L’Algérie « tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française » et dont le gouvernement français « assume seul la pleine et entière responsabilité », avait ajouté le ministère des Affaires étrangères algérien.

Avec Reuters et AFP

 

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Un campement sahraoui dans le désert du sud-ouest algérien. Photo altermidi Piedad Belmonte.

Notes:

  1. Le Sahara occidental est constitué d’un territoire de 266 000 km2 pour une population estimée à 500 000 habitant.e.s. Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Ce dernier est un mouvement dont l’objectif est l’indépendance du Sahara occidental. Actuellement, le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 % ; les deux territoires sont séparés par un mur et une zone tampon contrôlée par les quelques Casques bleus de l’ONU.