La tourmente dans laquelle le Printemps des Poètes se débat depuis quelques jours vient de conduire à la démission de sa directrice artistique, et cela à quelques semaines de l’ouverture officielle de la manifestation. Au-delà des polémiques de toutes sortes, nous tenons simplement à rappeler que nous devons avant tout penser au public. Celui qui chaque année depuis vingt-cinq ans se mobilise partout pour faire vivre la poésie.
Car cette manifestation est collective et participative. Sur tout le territoire des événements sont lancés, et des poètes sont attendus dans les hôpitaux, les écoles, les prisons, les médiathèques, les centres sociaux, les maisons de quartier, les théâtres, les cinémas, les universités, les EHPAD, dans les villes et les villages, en France, à l’étranger au-delà même des frontières du monde francophone. Il nous appartient de faire vivre cette édition, coûte que coûte. Parce que l’urgence de faire entendre la poésie dans un monde qui va si mal est chaque jour un peu plus vitale.
Comme tous les ans, et en toute indépendance, tant éditoriale que financière, nous publions une anthologie qui rassemble les voix des poètes autour du thème choisi pour le Printemps des poètes. Cette année encore Bruno Doucey et Thierry Renard ont réuni 118 poètes venus de tous les horizons pour ouvrir et déplier le mot Grâce avec sa richesse de significations qui échappe à toute simplification. Des extases érotiques, à l’engagement en passant par la défense de la nature ou la spiritualité pour ne citer qu’eux, les multiples sens de ce mot appellent à le célébrer, envers et contre tout.
Quant aux poètes que nous publions, ils sont plus que jamais mobilisés pour faire entendre partout la voix de la poésie, en ce moment privilégié où elle entre dans des lieux qu’elle ne fréquente que rarement.
Nous ne formulons désormais qu’un souhait : que les événements qui agitent le milieu de la poésie ne sonnent pas le coup de grâce d’une manifestation qui a plus que jamais sa raison d’être. Dès l’origine il s’agissait d’ouvrir la porte de la poésie au plus grand nombre, de la rendre enfin au public. Chiche, on ne lâche rien ?
Bruno Doucey, Murielle Szac, Ariane Lefauconnier