L’Observatoire national de l’ESS publie les chiffres inédits de la conjoncture de l’emploi dans l’ESS en France dont le fort rebond en 2021 se confirme en 2022 avec + 0,6 % de croissance au 4e trimestre.


 

L’analyse des derniers chiffres de l’emploi dans l’ESS et le reste de l’économie privée montre, dans son ensemble, la bonne reprise des activités après la crise sanitaire. En 2021, l’emploi bondit de + 3,2 % dans l’ESS et de + 3,7 % dans le privé hors ESS (où on observe un effet de rattrapage plus important à la suite du fort repli de 2020). L’ESS a ainsi créé plus de 67 000 emplois en 2021, compensant largement la réduction observée en 2020 (- 0,9 %, soit 18 000 postes supprimés). Les derniers chiffres disponibles à la fin 2022 confirment cette tendance (sans l’effet rattrapage) avec le maintien d’une bonne dynamique d’emplois dans l’ESS (+ 0,6 % sur un an) et dans le privé hors ESS (+ 1,4 %). Ces deux dernières années, les entreprises et organisations de l’ESS ont ainsi créé 81 000 emplois.

 

Disparition de très petites structures employeuses

 

Du côté du nombre d’établissements employeurs, la crise de 2020 a renforcé la tendance baissière observée depuis 2015 dans l’ESS sous l’effet, d’une part, d’une plus forte concentration des établissements (dans le champ sanitaire et social, la banque et l’assurance notamment) et d’autre part, de la disparition de très petites structures employeuses. Ainsi, en 2020, le nombre d’établissements baisse de 2,0 % dans l’ESS alors qu’il se maintient dans le reste du privé. Cette baisse correspond à la disparition ou la mise en sommeil de près de 3 500 établissements sur l’année. Toutefois, l’année 2021 marque un tournant avec une forte reprise des créations d’établissements employeurs dans l’ESS (+ 3,1 %, soit + 5 260 établissements) qui se confirme en 2022 (+ 1 650 établissements).

 

Les associations ont été le plus exposées

 

Concernant l’impact sur l’emploi au sein des familles de l’ESS, ce sont les associations qui ont été le plus exposées à la crise sanitaire avec de nombreuses fermetures administratives dans le tourisme, le sport et les loisirs, la culture ; tandis que les importants besoins dans les activités socio-sanitaires et de solidarité ont nécessité des nouvelles embauches. L’emploi dans les coopératives a peu été impacté sur l’année 2020 car les coopératives d’entreprises en particulier étaient positionnées sur des activités stratégiques pendant la crise (transport, artisanat, agriculture) en appui de leurs membres. Elles ont favorisé la mutualisation des ressources et les actions de solidarités entre membres pendant la crise. Les fondations connaissent quant à elles une croissance très importante de l’emploi depuis 10 ans, que la crise ne semble pas avoir ralenti. Non seulement les fondations employeuses se concentrent dans les activités d’action sociale et de soins, très sollicitées durant la pandémie, mais la croissance de leurs emplois peut être aussi liée à la transformation d’associations en fondations. Postcrise sanitaire, on observe une bonne dynamique de l’emploi dans les associations, les coopératives et les fondations. Seul l’emploi dans les mutuelles recule sous l’effet de la réduction du nombre de postes dans l’assurance.

 

Des dynamiques d’emplois majoritairement positives sur l’année 2022 dans les principaux secteurs de l’ESS

 

  • Enseignement (+ 6 567 emplois, + 3,1 %) : La dynamique de création d’emplois reste élevée dans l’enseignement (+ 3,2 % en 2021 et + 3,1 % en 2022, soit + 6 567 emplois), en particulier dans les organisations à but non lucratif de l’enseignement supérieur et de l’enseignement culturel.
  • Action sociale sans hébergement (hors aide à domicile) (+ 6 434 emplois, soit + 1,5 %) : les emplois progressent particulièrement dans l’action sociale sans hébergement et sont stables dans les activités d’aide par le travail (EA, ESAT) ou d’accueil du jeune enfant (crèches parentales).
  • Santé (+ 3 148 emplois, + 1,5 %) : une évolution favorable de l’emploi portée par les centres de soins dentaires (mutualistes et associatifs) et les activités de médecine spécialisée à but non lucratif.
  • Arts et spectacles (+ 2 299 emplois, + 7,1 %) : L’ESS continue de créer des emplois dans le secteur des arts et spectacles représenté en particulier par le spectacle vivant (+ 10,4 %).
  • Sport et loisirs (+ 1 450 emplois, + 1,3 %) : le secteur des sports et loisirs a été l’un des plus exposés pendant la crise. Après un fort rattrapage de l’emploi observé en 2021, le secteur connaît une croissance plus modeste dans l’ESS en 2022.
  • Hébergement social et médico-social (+ 1 134 emplois, + 0,3 %) : la courbe de l’emploi est contrastée dans ce secteur avec une réduction des effectifs sur l’année 2022 dans l’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD) et une progression des emplois dans les établissements d’hébergement social pour enfants, adultes et familles en difficultés.
  • Commerce , réparation (+ 139 emplois, + 0,5 %) : les emplois dans le commerce de gros (coopératives d’entreprises) progressent dans l’ESS (+ 3,3 %), tandis que les activités de commerce de détail ont perdu des emplois en 2022 (- 2,8 %).
  • Hébergement et restauration (- 6 emplois) : après une d’année 2021 très dynamique sur le plan de l’emploi (+ 11,3 %) qui a compensé les réductions observées en 2020 (- 12,6 %), l’emploi est stable en 2022 dans ce secteur largement représentée dans l’ESS par le tourisme social et solidaire et les services de restauration collective.
  • Activités financières et d’assurance (- 594 emplois, – 0,4 %) : l’emploi se contracte légèrement en 2022, comme en 2021, dans ce secteur regroupant les banques coopératives et les mutuelles d’assurance. C’est particulièrement dans les activités d’assurance que les effectifs salariés se sont réduits (- 0,9 %).
  • Aide à domicile (- 6 434 emplois, – 4,3 %) : le secteur de l’aide à domicile perd des emplois depuis 2020 dans l’ESS après les créations observées en 2019. La situation de l’emploi y est particulièrement défavorable en 2022 dans l’ESS alors que les emplois progressent dans le reste du secteur privé (+ 4,4 %).

 

Les régions du Sud en tête pour l’emploi

Les régions Occitanie et Sud Paca sont les plus pourvoyeuses d’emploi après l’Île de France

 

En 2022, toutes les régions françaises maintiennent une dynamique de création d’emplois positives (+ 0,6 % en glissement annuel), sauf en Bourgogne-Franche-Comté et Pays de la Loire (- 0,2 % chacune) qui avaient connu cependant une forte reprise de l’emploi en 2021 (respectivement + 1,9 % et + 3,5 % en glissement annuel). Si c’est en Guyane (+ 8,0 % en glissement annuel), en Corse (+ 4,7 %), en Guadeloupe (+ 3,5 %), à la Réunion (+ 2,9 %) et en Martinique (+ 2,1 %) que les variations en valeur relative sont les plus fortes en 2022, c’est en Île-de-France que les entreprises et organisations de l’ESS ont créé le plus d’emplois (+ 6 837 postes) sur la période.

 

Source ESS France