À Sète, le marathon de la poésie a débuté vendredi 21 juillet et se poursuit jusqu’au 29 juillet. Durant neuf jours, de 10h à minuit, Voix Vives consacre plus de 600 rendez-vous à la poésie de nombreux pays de toutes les cultures méditerranéennes.
« Défendre la poésie c’est un combat », affirmait peu avant l’ouverture la directrice du festival, Maïthé Vallès-Bled. Un combat dans un monde qui semble s’en moquer. Le Centre national du livre (CNL) comme le public répondent présents là où les soutiens à cette manifestation, reconnue dans le monde entier comme un lieu de convergence, restent insuffisants.
Pourtant et malgré l’incertitude, comme en 20201, entre deux confinements, suspendues aux miroitements de la Méditerranée, la 26e édition ne sombre pas. Le festival se maintient avec les moyens du bord, droit comme un phare dans la nuit. Les poètes qui se retrouvent à Voix Vives s’y sentent à leur place. « Durant le festival, le public est partie prenante de ce bouillonnement intérieur tourné vers l’avenir, indique la poète Janine Gdalia, cela participe d’une construction des êtres et de l’échange, fait elle valoir, à Voix Vives, on reçoit et on donne ».
« La poésie est éternelle, souligne le poète historien de l’art, Laurent Grison, c‘est une langue universelle. On parle poésie dans le monde entier. »
La poésie que l’on entend à Voix Vives est l’exemple par excellence d’une littérature de frontières qui induit une tentative paradoxale, celle de transfigurer l’insolubilité des conflits dont la Méditerranée est un berceau par un dépassement. « Nous n’avons jamais programmé un plateau réunissant un poète israélien et un poète palestinien, affirme la directrice du festival, ce qui serait susceptible de créer des difficultés à nos invités, mais ces rencontres existent sans apparaître dans le programme ».
La poésie, un chemin de paix
La frontière, c’est-à-dire l’affrontement des forces historiques, culturelles et sociales constitue plus que jamais aujourd’hui un problème brûlant en Méditerranée. Le poète chilien Patricio Sanchez-Rojas voit dans cette manifestation : « une chance, un lieu de partage et d’espoir… je suis sensible à la qualité de l’écoute. On a la guerre pas loin, ça donne la pêche ! ». La poésie, un chemin de paix ; cette affirmation que porte la manifestation se confirme à Sète. Durant le festival les données négatives que les guerres mettent en relief sont tacitement entourées d’une aura qui en inverse le signe.
L’île singulière devient plus méditerranéenne qu’aucune ville du bassin parce que sa recherche d’une identité essentielle, par-delà les frontières et les changements politiques aux strates multiples, se fonde dans une grande zone géographique où circulent les poètes et leurs paroles. Ainsi la ville constitue l’univers méditerranéen ; fuyant leur identité nationale, ses fils et ses filles les poètes se sont tournés vers l’identité humaine, celle d’une réalité propre, jamais possédée.
La poésie emplit les rues, les traverse du petit matin au crépuscule, s’étirant jusqu’à la nuit. À l’ombre de ses jardins se trace des lisières nouvelles. On y vit un puissant présent entre déjà plus et pas encore. À cet endroit, en cet instant, la Méditerranée, petite mer si grande d’exception, subjuguée par ses mythes, se fait remède à elle-même.
Jean-Marie Dinh
Toutes les rencontres sont en accès libre. Le public peut participer à de nombreux ateliers.
Concert et spectacles poétiques chaque jour à 21H30.
Concert L’érotisme de vivre : Catherine Ringer met en musique les poèmes d’Alice Mendelson le 27 juillet au Théâtre de la Mer.