Le rassemblement contre le projet d’autoroute A69, entre Castres et Toulouse, samedi 22 et dimanche 23 avril, à l’appel notamment des Soulèvements de la Terre, se tient sous haute surveillance. Avec l’événement « Sortie de route », les opposants espèrent renforcer leur mobilisation contre l’A69 qui reliera Verfeil, près de Toulouse, à Castres, dans le Tarn. Le gouvernement et la Région redoutent la mise en place d’une zone à défendre.
Dans le Tarn, près de 2 000 manifestants sont attendus sur le tracé de la future infrastructure pour s’opposer au projet de construction de l’autoroute A69. Ils craignent l’abattage de 200 arbres. Des manifestants se sont installés sur le futur tracé de l’autoroute A69. Au pied d’un chapiteau, ils sont prêts pour un week-end de contestation, multiplient les actions, s’accrochant à certains arbres. « On voit tout ça et on se dit que ça va être détruit, c’est absurde », se désole un participant. Déterminés à montrer leur mécontentement, les opposants promettent un week-end pacifique.
Les travaux de l’A69 ont débuté il y a quelques jours. L’autoroute permettra de rallier Toulouse à Castres en une heure, contre 1h15 actuellement. Le chantier, classé prioritaire par l’État en 2019, est discuté pour son impact écologique. « On est à trois pas du Dicosa, une réserve naturelle », explique un manifestant. Plusieurs milliers d’entre eux sont attendus sur place pour des conférences et des concerts. Une déclaration de manifestation a été déposée en préfecture, mais les autorités disent attendre des précisions sur son parcours.
EELV appelle à participer au rassemblement contre le projet d’autoroute Toulouse-Castres. « Nous sommes opposés à ce projet depuis près de 15 ans, étant aussi force de proposition pour des solutions alternatives qui permettent d’allier environnement et justice sociale (…) Ce projet aberrant condamnerait 343 hectares de terres agricoles et naturelles à être détruites, dont des zones humides et Natura 2000, pour construire une autoroute dont l’utilité n’a jamais été démontrée, et qui ne sera pas rentable, selon la Dreal », fait valoir le parti écologique dans un communiqué publié jeudi 20 avril.
Pour la présidente de région Carole Delga, ces infrastructures répondent bien à la nécessité de désenclaver les bassins de vie : « Loin de Paris, la région Occitanie est une des plus enclavées de France. Le territoire régional souffre d’un important déficit d’infrastructures de transport pour permettre les déplacements dans de bonnes conditions de plus de six millions d’habitants », a réagi Carole Delga après que des opposants à l’A69 ont recouvert de peinture le Conseil régional.
« Le projet est devenu emblématique de la lutte climatique », indique Sabine Mousson, maire de Teulat, commune tarnaise qui serait, a-t-elle précisé, « coupée en deux » par la future autoroute.
La présidente de la région Occitanie défend l’autoroute Castres-Toulouse1. Mais au sein de sa majorité, Verts et communistes se démarquent de sa position. Et en dehors, beaucoup pointent la contradiction entre son affichage écologiste et son soutien à ce projet climaticide et dépassé, rapporte Médiapart.
800 gendarmes et CRS mobilisés
En vue de « prévenir tout débordement », de nombreuses mesures encadrant strictement la manifestation — qui doit avoir lieu samedi à la mi-journée à Saïx (Tarn) — ont été annoncées par la préfecture du Tarn. Un important dispositif de maintien de l’ordre de près de 800 gendarmes et CRS, dont huit unités mobiles, est mobilisé. La préfecture assure dans un communiqué que ce dispositif n’a pas « pour objectif de s’opposer au rassemblement (…) ni à la manifestation de voie publique (…), mais à les sécuriser et à répondre à tout acte illégal ».
Avec des délégations attendues de Paris, de Bordeaux ou de Lyon, les organisateurs (le collectif La voie est libre [LVEL], Extinction Rebellion Toulouse et la Confédération paysanne) espèrent donner une dimension nationale à leur combat. « Ce rassemblement sera festif, populaire et familial », assure un militant d’Extinction Rebellion Toulouse. « Notre lutte pacifique vise à nous mobiliser contre ce projet aberrant. On veut seulement garder nos terres fertiles et argileuses. » Le rassemblement de ce week-end sera accompagné d’action surprise comme une course de « bolides [allant] le plus lentement possible », dans le Tarn.
Vendredi soir, le ministère des Transports a fait savoir que Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, avait demandé dès janvier une revue des projets autoroutiers, soit sept projets, dont celui de l’A69. Ces revues doivent être menées d’ici l’été, l’objectif étant de « réinterroger chaque projet au regard des enjeux actuels : lutte contre l’artificialisation des sols, réduction des émissions de CO2, mais aussi désenclavement des territoires », selon la même source.