Cinemed 2022. Compétition longs métrages. Ashkal 1, de Youssef Chebbi.
Sur le Cinemed une météo d’amplitudes. Le ciel restait chargé. L’étoile à la mer. Résumé des précédents épisodes.
Nous étions en haute mer depuis plusieurs jours, embarqués à bord du Cinemed. Un navire de hauts vols. Nous avions été agités, emportés, secoués, remués, sur des flots hospitaliers et hostiles. La Méditerranée est changeante, le plus expérimenté des marins vous le dira. Rester éveillé, à l’écoute ; tout pouvait se produire.
Des jours. Des jours que nous naviguions, avides de trésors de cinéma. Les vivres commençaient à manquer et cette escale en Tunisie, à Tunis, aux Jardins de Carthages, était tout indiquée. Ashkal pour une escale.
Vous vous souvenez de quand tout ne fut que carbone ? Quand tout fut consumé. Youssef Chebbi. Ashkal. Cette île, le Frioul sur la rive, le climat y semble propice, le soleil ardent. La foule a envahi la place ; attention, dans le quartier, du feu. Sur cette île les flammes vous avalent. Dans le quartier du Frioul il faudra nous méfier : un monstre se terre. Il décalcine. Décalcification des corps de béton que broutent les moutons. La musique et tous ces sons oppressants — Le gardien nous a prévenu : nous méfier de la créature flamme. Elle vous attire tel un insecte et vous avale dans ses tourments.
Passer la porte du monde d’Ashkal, les cadres et toutes ces lignes et de nouveau ce cadre dans ce cadre tout de béton et de lignes qui nous enferment, nous obligent. Dans ces cadres, d’autres cadres et cela sent très fort la fumée. Ce monstre de béton vous met au défit de vous aventurer plus loin.
Une vraie intelligence du regard sur la fascination, l’engagement et la force dans ce qu’elle a de fragile. Lors de cette odyssée en Méditerranée, j’ai vécu des aventures, je me suis fait mon cinéma pour ce qu’il est. Pour ses possibles. Hasards de rencontres du Cinemed, avec mes envies : la croisée aux îles hooligan, le bébé kraken qui attaquait le bateau, la sourie Pattie, l’île de Gigi la Legge. Abdelinho englué dans son amour impossible, empoissonné, qui su se libérer de ses entraves, regagner sa liberté et la volonté de réaliser son rêve. Il nous montre la voie.
C’est la dernière nuit à bord du navire et dans le ciel les étoiles brillent et scintillent de mille feux. Nous entendons au loin la sonnerie de grelots et on me dit de faire court. Alors Je tiens à remercier nos équipages. Hicham Ayouch, Nikolay Stefanov, David Alaux, Alessandro Comodin — Gigi la Legge. Et Youssef Chebbi. C’est le moment parfait pour jouer de la musique. Merci.
Nous avons prévu de faire route pour vous rejoindre. Nous accostons. Une soirée de clôture va bientôt condamner l’accès du port. Rendez-vous ce soir à la taverne de l’imaginaire et libre de voyager. J’ai des places sur un vol habité pour la planète Mars si vous voulez. Si vous voulez m’accompagner quand la mer est démontée. Je vous dis à bientôt avec cette émotion que l’on ressent parfois, quand la page se tourne.
Comme j’ai du temps, je vais me faire un ciné’ avec Candela qui était dans mon cœur tout au long de cette traversée. Altermidi, merci pour le voyage. Je lève mon verre à cette époque folle et à la convergence des luttes. Ça m’a donné envie de rependre un peu d’huile d’olive. Pas vous ? Et après, nous nous jetterons dans les flammes.
Bienvenu Reinaudo ed.
