Dans l’art, le nu a toujours été un moyen de représenter la beauté. Mais le public y retrouve parfois un caractère trop érotique et crie au scandale.


 

Or, ce dimanche 25 septembre, dans le cadre de l’animation culturelle Nomad‘1 (Voyages poétiques) proposée par l’association Mélando2, sous le couvert de la CCGPSL (Communauté de Communes du Grand Pic Saint-Loup) et de la municipalité de Sauteyrargues3, l’artiste Chloé Guillermin4 a réalisé un magnifique travail de peinture sur le corps de Julie Benegmos5, actrice et danseuse professionnelle. Par la suite, cette dernière procédait à l’effacement progressif des peintures, dansant accompagnée pour cela par le chant en occitan de quatre vocalistes locales. Comme l’ont reconnu bon nombre de spectateurs, c’était très beau, et ce à bien des égards. De plus, le soleil rasant du soir ajoutait des reflets et des couleurs inattendus sur la jarre contenant l’eau qui servait à l’effacement de la peinture sur le corps de la danseuse, en une chorégraphie flamboyante.

Chloé Guillermin : « Je peins des corps dans de nombreux festivals, chaque motif est improvisé et sa réalisation dure en moyenne trois heures et demie. Mes modèles sont des danseuses ou des comédiennes qui ont l’habitude de travailler avec leur corps (cela demande une grande concentration), artistes qui ensuite effacent mon illustration sur une musique de leur choix, en une sorte de rituel méditatif. Je souhaite ainsi offrir aux gens une composition graphique improvisée qui ne sera jamais reproduite. La peinture sur corps est en résonance avec mon métier principal, le tatouage. Le public a été très touché par ce qui se passait. L’occasion de se rendre compte que le corps n’est pas qu’un objet sexuel, mais devient ici un objet artistique de création. J’évolue dans le milieu de l’art contemporain, qui est libre par rapport au corps, j’ai donc été choquée par des questions incisives, violentes et déplacées de quelques rares personnes, visiblement dérangées au plus profond d’elles-mêmes. Pourtant le corps de Julie n’était nu que jusqu’à la ceinture… »

Les organisateurs ont osé présenter là un très beau spectacle, qui, nous le reconnaissons, était quelque peu provocant dans son contexte, mais qui titillait vraiment l’imaginaire sur le plan à la fois esthétique et poétique.

 

La culture en jeu

 

Photo Thierry Arcaix

En corollaire de cette action, un café sociologique se tenait également le même jour sur le même site. Ouvert à tous, et animé par Anne-Françoise Volpini, sociologue membre du laboratoire Passim (Pour l’Action en Sciences Sociales et l’Investigation en Méditerranée)6, le Conseil Municipal des Jeunes de Sauteyrargues y a participé. Ce café (sans café) avait pour thème la culture. De beaux échanges très pertinents pour ces jeunes élus sur différentes questions qui venaient un peu au hasard, en faisant rouler un grand dé. “La culture c’est quoi ? Quelle est votre expérience culturelle préférée ? Ou encore : Quels sont les atouts culturels de Sauteyrargues ?” Le principe du dit « café socio » correspond à un cercle citoyen de parole libre au sein duquel le sociologue n’est présent que pour proposer, pour inciter. Il ne s’agissait ni d’un cours ni d’une conférence, mais plutôt de points de synthèse examinés au fur et à mesure de l’avancée du débat, ainsi que le partage d’expériences ou d’outils d’analyses sociologiques dans le cadre de Nomad’. Le « café socio » devient ainsi un « jeu de société animé par une sociologue ». Il n’a été programmé à Sauteyrargues qu’une seule fois et sa durée a été limitée à 1h30, de façon à pouvoir prendre chronologiquement sa place dans la programmation générale de la journée.

Thierry Arcaix

1 https://www.unidivers.fr/event/saison-artistique-de-melando-13ieme-rencontres-des-cultures-en-pic-saint-loup-voyages-poetiques-du-collectif-provisoire-sauteyrargues-herault-2022-09-25/

2 https://www.melando.org/fr/quiquoiou/

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauteyrargues

4 Contact : chloéguillermin@hotmail.fr, tél. 06 79 69 11 80

5 https://juliebenegmos.com/

6 Contact : passim-volponi@orange.fr

 

Photo 1 : Chloé Guillermin peint le corps de Julie Benegmos. Photo Thierry Arcaix

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Thierry Arcaix a d’abord été instituteur. Titulaire d’une maîtrise en sciences et techniques du patrimoine et d’un master 2 en sciences de l’information et de la communication, il est maintenant docteur en sociologie après avoir soutenu en 2012 une thèse portant sur le quartier de Figuerolles à Montpellier. Depuis 2005, il signe une chronique hebdomadaire consacrée au patrimoine dans le quotidien La Marseillaise et depuis 2020, il est aussi correspondant Midi Libre à Claret. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dans des genres très divers (histoire, sociologie, policier, conte pour enfants) et anime des conférences consacrées à l’histoire locale et à la sociologie.