Dans une allocution depuis Matignon, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la fermeture des discothèques pour les quatre prochaines semaines. il incite à limiter les fêtes et les soirées entre amis avant Noël afin de tenter d’endiguer l’épidémie de Covid-19… des mesures loin de faire l’unanimité sur le terrain.


 

« Avec ces efforts proportionnés, nous sortirons de cette cinquième vague comme pour les précédentes », a déclaré le Premier ministre Jean Castex dans la soirée du lundi 6 décembre, à l’issue du Conseil de défense sanitaire. Il annonce que les discothèques vont être fermées à partir de vendredi et pour quatre semaines. Et il incite à limiter les fêtes et les soirées entre amis avant Noël pour limiter la propagation du Covid-19. En une semaine, le taux d’incidence est passé de 400 ce week-end, contre moins de 200 la semaine précédente.

 

Les boîtes de nuit fermées à partir de vendredi

 

Fin de bamboche dans les boîtes de nuit. Elles devront fermer à partir de ce vendredi, pour quatre semaines. « Le virus circule beaucoup chez les jeunes, même vaccinés, et le port du masque est difficile dans ces lieux », explique le Premier ministre. Un accompagnement économique de ces entreprises sera prévu promet Matignon. C’est un coup dur pour un secteur qui a eu beaucoup de mal à se relever des précédentes fermetures.

Thierry Fontaine, président de l’organisation professionnelle Umih Nuit, se dit « scandalisé ». Il pointe du doigt les réfractaires à la vaccination : « Vu qu’on n’a pas, excusez-moi du terme, les couilles de forcer les gens à la vaccination, et bien on va nous fermer. » Il ne croit pas aux aides de l’État : « On va nous donner 3 francs 6 sous… Quand vous enlevez la plus grosse période de l’année, c’est un manque de courage politique. » Thierry Fontaine soupire : « On nous supprime le Nouvel An… dans tous les restaurants ça va danser ! ».

 

« Lever le pied » sur les interactions sociales

 

« Mon message est très simple, jusqu’aux fêtes de fin d’année, on lève le pied, on arrête, on se protège et on protège ainsi notre capacité à profiter de Noël », clame Jean Castex. Il vise les grands dîners entre amis, les pendaisons de crémaillères, « les évènements festifs et conviviaux dans les sphères professionnelles et privées ». Dans ces évènements, « les risques de contaminations sont les plus élevés », estime Jean Castex. « Quand on se réunit dans des moments de convivialité, où l’on mange, où l’on boit un verre, où l’on est debout, à l’intérieur, proche des uns et des autres, sans masque évidemment. »

Sans toutefois obliger, le Premier ministre demande à reporter les évènement festifs en entreprises, comme les pots de départ, les séminaires et les cérémonies. En revanche, « l’heure n’est pas aux mesures de jauges, de couvre-feu ou de confinement, car ce serait disproportionné », selon Jean Castex.

 

Une extension du télétravail

 

Par ailleurs, le Premier ministre recommande deux à trois jours de télétravail par semaine, dans toutes les entreprises où cela est possible. « La cible étant deux à trois jours par semaine de télétravail », ajoute le Premier ministre. Les réunions en présentiel seront limitées. « Pour la fonction publique de l’État, jusqu’à trois jours », poursuit Jean Castex.

 

Protocole renforcé dans les écoles

 

Les vacances scolaires ne seront pas avancées. La mesure n’a pas été retenue par le gouvernement. Dans les écoles, le niveau trois du protocole sanitaire est déclenché. Dans les faits, le masque devient obligatoire pour tous les élèves et les personnels en intérieur et en extérieur. Les enfants devront ainsi le porter durant les récréations.

Dans les cantines, les enfants devront impérativement manger uniquement avec les autres élèves de leur classe. En revanche, les cours restent en présentiel.

 

« C’est ubuesque ce qu’on demande aux professeurs »

 

Dans le quotidien Libération, Guislaine David, cosecrétaire du SnuiPP-FSU, premier syndicat du primaire, pointe l’improvisation dans laquelle sont décidées ces mesures. « S’il suffisait que les enfants portent leur masque en extérieur pour que l’épidémie soit contenue, on le saurait. Quant à l’obligation de limiter le brassage par niveaux et par classes, cela va nécessiter une réorganisation des temps de repas. Encore une fois, rien n’a été anticipé. »

Pour le corps enseignant, c’est un véritable casse-tête qui s’ajoute à la charge de travail habituelle. « Quand on nous fait part d’un cas positif, les enseignants doivent immédiatement informer tous les parents d’élèves qui ont été exposés. Du côté parental, il y a énormément de tensions parce qu’il n’y a pas toujours des possibilités de garde. Le ministère du Travail n’a rien mis en place à ce sujet et on le déplore. »

Guislaine David dénonce une école en mode dégradé. « En ce moment les professeurs doivent gérer au compte-gouttes l’arrivée des élèves, faire cours à la fois en présentiel mais aussi en distanciel pour les élèves qui sont à l’isolement. C’est ubuesque ce qu’on demande aux professeurs : on exige d’eux d’être dans deux endroits à la fois. Le fait de fermer une classe dès la première infection permettrait d’assurer un enseignement à distance de qualité pour tout le monde. Si on ajoute à ça qu’il y a de plus en plus d’enseignants atteints du Covid qui ne sont pas remplacés… ».

 

Début de la vaccination des 5-11 ans à risque

 

La vaccination des enfants de 5-11 ans susceptibles de faire une forme grave du Covid-19 a déjà reçu le feu vert de la Haute autorité de santé, et « commencera le 15 décembre », indique le Premier ministre. 360 000 enfants sont concernés.

Le gouvernement envisage par ailleurs d’ouvrir la vaccination contre le Covid-19  « à tous les enfants » de 5 à 11 ans, « sur la base du volontariat, si possible d’ici à la fin de l’année ». Toutes les autorités scientifiques n’ont pas donné leur aval à ce sujet, un avis de la Haute autorité de santé est encore attendu.

 

Avec AFP

 

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