L’Institut écocitoyen de connaissance des pollutions, basé à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) est une association réunissant scientifiques, citoyen.ne.s, élu.e.s et industriels. Son rôle est de produire des connaissances scientifiques sur les questions sanitaires et environnementales et de transmettre ces savoirs. Illustration avec la dernière étude en date sur la présence des hydrocarbures aromatiques polycycliques (H.A.P.) à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Fruits d’une collaboration avec AtmoSud (organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air) et le Laboratoire de Chimie de l’Environnement (LCE) d’Aix-Marseille Université, les résultats de cette étude, financée en partie par la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), ont été présentés à la fin du mois de septembre, à Port-Saint-Louis, petite commune de 8 000 habitants située à l’embouchure du Rhône. Ils sont désormais disponibles sur le site de l’Institut écocitoyen1.
En 2014, un travail sur l’accumulation de polluants dans les jardins de l’ouest de l’étang de Berre avait déjà permis de relever « de grandes concentrations en H.A.P à Port-Saint-Louis », rappelle Julien Dron, responsable scientifique à l’Institut écocitoyen. Les H.A.P sont considérés comme des indicateurs clés du degré de contamination des sols. « Ce ne sont pas des hydrocarbures qu’on va brûler comme de l’essence, précise-t-il, ils sont produits par la combustion de bois, l’industrie ; parmi les H.A.P., plusieurs sont reconnus cancérigènes et c’est le chauffage qui est responsable de la plus grande partie des émissions ». Une étude réalisée deux ans plus tard a permis de relever que l’accumulation de H.A.P. ne se fait pas par le sol (la concentration est plus importante en surface) mais par l’air.
« Le contexte particulier de cette ville »
L’étude réalisée lors de l’année universitaire 2019-2020 par Mathilde Reuillard est basée sur deux campagnes d’échantillonnages, menées en hiver et en été, qui « ont permis de mesurer les H.A.P. dans les dépôts atmosphériques et dans les thalles de lichens », écrit l’autrice du rapport. Ces campagnes ont été complétées par une cartographie de la contamination des sols. Pour cela, des volontaires ont mis leurs terrains à disposition des scientifiques. Des zones plus particulièrement touchées ont été identifiées aux abords du Canal Saint-Louis où se trouvent des friches industrielles, à la presqu’île du Mazet et dans le centre-ville, autour du stade.
Selon Mathilde Reuillard, « les résultats ont permis de mettre en évidence le contexte particulier de cette ville avec une exposition marquée aux H.A.P. atmosphériques. Cette contamination diffuse serait en partie liée aux émissions industrielles en provenance de la ZIP [Zone industrialo-portuaire, Ndlr] de Fos-sur-Mer ». Face à la « remise en suspension des H.A.P. par l’envol des poussières des sols contaminés » en bordure du canal, la jeune chercheuse plaide pour « la revégétalisation des friches industrielles ». Port-Saint-Louis en compte plusieurs, dont l’ancien port pétrolier de Givors.
J-F.A