La Nuit Gitane n’est pas juste un concert, ce n’est pas seulement une suite de chansons, c’est la plus forte expression d’une grande aventure et d’une longue histoire, concrétisées par deux frères aujourd’hui disparus.


 

De Sète à Montpellier, de la Grande Motte à la Camargue et jusqu’à la cité Gély (Montpellier), deux vies qui furent entièrement consacrées à rassembler, synthétiser, exprimer, dans des expressions différentes mais si complémentaires, tout un style, à la fois de vie et de pensée, de nature et de culture. Il s’agit du guitariste « sauvage » Manitas de Plata et du « Roi » de la rumba catalane Hippolyte Baliardo.

Ils ont laissé un héritage qui aurait pu rester immobile si d’autres talents ne l’avaient repris et peaufiné. Ainsi, le célèbre chanteur Niño Baliardo, fils d’Hippolyte, a réussi l’exploit de réaliser une œuvre remarquable et unique que nous vous suggérons d’aller écouter ce 28 août au domaine d’O.

Mémoire, avec un hommage aux deux géants gitans, mais aussi créations, et, il faut le dire, qui sont vraiment parmi les meilleures.

 

Famille Baliardo, au centre, chemise bleue Hippolyte Baliardo, chemise blanche Manitas de Plata et debout derrière eux, chemise dorée Nino Baliardo. Photo DR

 

Une interview exclusive

 

Niño Baliardo, tout d’abord, merci de recevoir altermidi, ici, à la Cité Gély. Mais dites-nous, comment va se passer cette soirée au Domaine d’O ?

On sera dix sur scène. je serai accompagné de jeunes que j’ai formés depuis dix ans dans l’esprit qui est le nôtre et qui sont devenus professionnels, les Gipsy Dynasty. Il y aura une basse, un piano, une batterie, six guitares et moi, au chant. Ce sera vraiment la meilleure rumba catalane, avec l’inimitable son créé par mon père, Hippolyte et les virtuosités de Manitas… De mon côté, j’interprète aussi le fameux cante jondo1, le chant profond, celui que connaissent bien tous les aficionados…

Pouvez-vous nous expliquer le sens de votre musique ?

Notre musique évoque l’amour, la fête et la joie. La rumba que nous jouons est très populaire et touche beaucoup de gens. J’ai donné des concerts dans le monde entier et partout le public prend plaisir, avec la même passion, que ce soit en Chine, en Amérique ou ailleurs. Au départ c’était une musique d’exils et de voyages, un peu dramatique, avec de nombreuses influences, mais avec la Rumba catalane et depuis mon père, impossible de ne pas danser sur ce rythme endiablé qui mêle guitare, percussion et chant. Vous verrez !

Quels musiciens sont les fondateurs de votre style ?

Les deux grandes familles qui sont à l’origine de la musique Gipsy, ce sont les Reyes et les Baliardo. Vous entendrez au Domaine d’O de nombreuses chansons qui rappellent notre histoire, comme Picasso, la Rumba d’Hippolyte et Manitas, le fameux morceau issu de l’album qui va paraître à la rentrée. Il y aura aussi deux morceaux composés par Manitas de Plata, le Galop de Camargue et Guitare mauresque, puis bien sûr les très attendus Jobi Joba, Volare et Bamboleo auxquels s’ajoutent quelques compositions personnelles sur l’histoire du peuple gitan.

Et ensuite, quels sont vos projets ?

Après ce concert, et dès que la situation sanitaire le permettra, nous allons entamer une grande tournée internationale sous la direction de notre nouveau manager, Raymond Gonzalez. C’est lui qui était l’imprésario de Nina Simone. Il vous faut donc ne pas louper ce récital que nous donnons à Montpellier, que nous allons tout faire pour rendre exceptionnel pour vous tous ! Rendez-vous le 28 août… Merci, Niño Baliardo.

 

Thierry Arcaix

 

Hippolyte Baliardo saluant le pape Jean Paul II à l’issue d’un concert. DR

 

En savoir plus (horaires, tarifs, réservations)

Photo 1 Nino baliardo au chant en compagnie de Manitas de Plata. DR

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes:

  1. Chant profond qui mêle douleurs et joies.
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Thierry Arcaix a d’abord été instituteur. Titulaire d’une maîtrise en sciences et techniques du patrimoine et d’un master 2 en sciences de l’information et de la communication, il est maintenant docteur en sociologie après avoir soutenu en 2012 une thèse portant sur le quartier de Figuerolles à Montpellier. Depuis 2005, il signe une chronique hebdomadaire consacrée au patrimoine dans le quotidien La Marseillaise et depuis 2020, il est aussi correspondant Midi Libre à Claret. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dans des genres très divers (histoire, sociologie, policier, conte pour enfants) et anime des conférences consacrées à l’histoire locale et à la sociologie.