Le préfet de Haute-Corse a annoncé samedi 12 juin avoir activé le plan Polmar1/Terre dédié à la protection du littoral, après la détection d’une pollution aux hydrocarbures en mer à l’est de la Corse, à environ 10 km de la côte. Les opérations de pompage en mer ont débuté. Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie maritime.


 

Cette pollution, contenant des hydrocarbures lourds, se répartit en deux nappes sur une longueur d’environ 19 nautiques (environ 35 kilomètres). Elle se situe dans le secteur Aleria-Solenzara qui compte de nombreuses plages de sable et dérive en direction des côtes, a précisé la préfecture maritime de Méditerranée dans un communiqué.

Elle « résulte vraisemblablement d’un dégazage, mais la taille et la nature des produits ne permettent pas d’espérer une dilution naturelle et nécessitent d’engager des unités et du matériel spécifique antipollution », a-t-on précisé de même source. « Des moyens nationaux stationnés en Corse sont mobilisés pour intervenir le plus rapidement possible. La situation est suivie en collaboration avec les maires. »

« Une surveillance par hélicoptère et par avion, ce samedi en milieu de matinée, a permis de localiser plusieurs nappes éparses, dont certaines sont très proches des côtes, l’une d’entre elles à quelques centaines de mètres », a précisé la capitaine de frégate Christine Ribbe, porte-parole de la préfecture maritime, en soulignant que les survols de reconnaissance se poursuivent.

La marine nationale a envoyé deux bâtiments de soutien et d’assistance affrétés (BSAA), « Pionnier » et « Jason », avec des matériels spécifiques antipollution et du personnel spécialisé de la cellule antipollution de la base navale de Toulon. Des moyens stationnés en Corse sont aussi déployés.

 

La population invitée à ne pas se rendre sur les plages

 

Le préfet de Haute-Corse, François Ravier, a interdit l’accès aux plages des communes d’Aleria jusqu’à Ventiseri : « Il est aussi recommandé aux habitants de ne pas se rendre sur les plages proches de ces zones. Le périmètre de l’arrêté sera revu en fonction des informations sur la dérive des nappes », a indiqué la préfecture dans un communiqué. La pêche est aussi interdite sur ces mêmes secteurs.

Quelque 80 militaires de la sécurité civile, pompiers et gendarmes, sont déployés pour lutter contre la pollution maritime. Les opérations de pompage en mer ont débuté. « Tout ce qu’on peut récupérer à la mer, on le récupère », a martelé Christine Ribbe, de la préfecture maritime, sur France Inter. « Ça plonge, ça remonte, ça se disperse. Donc on sait très bien que, en mer, on ne récupère jamais la totalité. »

Le préfet de Haute-Corse appelle les populations à « ne pas toucher ou procéder par eux-même au ramassage des galettes qu’ils peuvent être susceptibles de trouver sur les plages », mais à informer de leur présence la gendarmerie ou les sapeurs-pompiers.

L’embouchure de l’étang de Diane, au nord d’Aleria, est quasiment fermée par un travail d’ensablement et d’autres étangs côtiers sont visés par des mesures de protection. La situation pourrait néanmoins évoluer en raison du déplacement rapide de cette pollution aux hydrocarbures lourds, des substances qui ne se dissolvent généralement pas naturellement dans l’eau.

Une enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie maritime, a indiqué à l’AFP Dominique Laurens, la procureure de Marseille, compétente pour les affaires de pollution maritime sur le littoral méditerranéen français. « Une analyse du trafic maritime dans la zone est en cours », a-t-elle ajouté.

Cette pollution est vraisemblablement liée au dégazage d’un navire, un procédé illégal par lequel des navires vidangent leurs cuves d’hydrocarbures en pleine mer. Pour la porte-parole de l’ONG Surfrider Foundation Europe, interrogée par franceinfo, il s’agit « certainement d’un navire qui l’a déversé (…) La question maintenant, c’est : « Est-ce qu’il est volontaire et quel est l’auteur ? » », questionne Antidia Citores.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a qualifié de « bandits » le ou les responsables de cette pollution. « Nous allons évidemment trouver quels sont les auteurs de ces actes et ils seront punis très sévèrement. » Pour rappel, « la loi permet des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 15 millions d’euros d’amendes », a-t-elle ajouté.

Interrogé par franceinfo, le maire de Serra-Di-Fiumorbo (Haute-Corse) demande également à l’État de voir plus loin : « Le nombre de bateaux qui passent dans ce canal de Corse est une aberration. Cela fait trente ans, quarante ans qu’on se bat pour réguler ce flux et ça n’avance pas. Et s’il y a une catastrophe, on n’est pas prêts ».

Avec AFP

Notes:

  1. POLlutions MARines