Après plus de 20 ans de majorité et de présidence à gauche, le conseil départemental de Vaucluse est tombé aux mains de la droite vauclusienne en 2015… au bénéfice de l’âge. Il a effectivement fallu que Raymond Chabert, le doyen d’âge, se présente pour départager l’égalité parfaite, 12 élus de gauche et 12 élus de droite, arbitrés en spectateurs par 10 élus d’extrême droite.


 

Ces derniers, si redoutés au moment des élections, démontrent d’ailleurs dans les assemblées où ils siègent et qu’ils ne dominent pas, la vanité de leurs rodomontades. Les leviers sur lesquels agir en concordance se limitent en effet à refuser le maintien des droits aux salariés de l’institution, une subvention au planning familial, ou pester contre l’étendue des demandeurs du RSA. Rien de contradictoire avec la politique de la présidence qui, jusqu’ici, refuse pourtant le soutien des élus du RN comme ceux de la Ligue du Sud.

Arrivée du FN en 2004

En 2004, les premiers élus d’extrême droite entre au conseil départemental à l’occasion du renouvellement de la moitié de l’assemblée, alors encore conseil général. Ce sera marie Claude Bompard, encore encartée au FN, suivie par son mari Jacques Bompard en 2008, mais sous l’étiquette MPF qui sera en cours de mandat transformée en Ligue du Sud, pour lui et son épouse.

Jusqu’en 2015, ils étaient les seuls élus d’extrême droite au département, pourtant réputé pour les scores de cette dernière, et n’influeront pas sur les débats à l’assemblée départementale.

2015, l’extrême droite en force, 2017, En Marche au département

Le changement de scrutin qui fait passer en 2015 le nombre de cantons de 24 à 17, mais impose l’élection d’un binôme à parité, a peut-être joué en faveur de cette étiquette politique, puisqu’avec 4 élus Ligue du Sud et 6 RN en 2015, l’extrême droite se retrouve en arbitre redouté entre une gauche et une droite qui comptent le même nombre d’élus (12 chacun). D’ailleurs, refusant l’arbitrage lors de l’élection du président, le RN comme la Ligue du Sud ont présenté leur candidat, mettant ainsi droite et gauche face à une situation pas si inédite dans le département1 : le choix du président s’est fait sur l’âge du candidat, la prime allant au plus âgé.

La situation va encore changer en 2017 où deux élus de gauche vont décider de siéger sous l’appellation En marche, l’un étant un ancien élu PS, l’autre un ancien écologiste.

2021: renouvellement de 23 conseillers départementaux sur 34

Sur les 34 sortants, seuls 23 seront en lice pour ce scrutin de 2021, dont les deux En marche étiquetés majorité présidentielle, rejoints par 10 autres candidats macronistes en compétition sur le département. Nouvelle stratégie pour le RN qui présente des binômes, soit seul, soit avec la Droite Populaire de Thierry Mariani, nouvelle force d’appoint de l’extrême droite. La Ligue du Sud, présente sur Orange et Bollène, sera aussi représentée sur les cantons de Valréas et Vaison-la-Romaine.

À gauche, la situation semblait idéale après la signature qualifiée d’historique d’un accord entre les organisations (PS, Génération.s, PCF, LFI, EELV, GDS2) concernant 16 cantons sur 17 (le canton de Pernes-les-Fontaines étant exclu, du fait d’un binôme En Marche-PS). Jusqu’à la deuxième semaine de mai où on apprend par la presse que sur les cantons Avignon1 et 2 seront présents, face aux candidats de gauche issus de l’accord, des prétendants étiquetés Majorité municipale d’Avignon. Ce qui porte à trois binômes de gauche sur Avignon2, et deux binômes sur Avignon1. Signalons aussi qu’au Pontet, un binôme GDS-PCF affrontera seul le sortant RN.

Concernant la droite dite « républicaine », ses membres partent divisés entre LR et Divers-droite, s’affrontant parfois. Signalons que Maurice Chabert, président sortant au bénéfice de l’âge, ne se représente pas.

6 ans de gouvernance bien à droite

À gauche, de 2001 à 2015 le département a subi des inflexions quant aux politiques menées jusque-là. Maurice Chabert aura été le président qui a augmenté le temps de travail des agents du département de 1 330 à 1 607 heures, sans augmentation de salaire, qui aura, afin d’économiser 30 millions d’euros, laissé fermer des services essentiels, mis le social au deuxième plan, et qui a failli avec le concours de l’extrême droite, à l’occasion d‘un vote de subventions, laisser le planning familial de Vaucluse sans ressources. Notons aussi qu’il aura tout fait pour que l’ASE3 se décharge  des mineurs étrangers isolés, imposant les tests osseux (dont la fiabilité a depuis longtemps été mise en cause par le corps médical) à la plupart d’entre eux, via le cabinet d’un radiologue, ancien élu RPF4 du département.

Si on ne peut dire aujourd’hui comment seront administrés les vauclusiens, l’ombre de l’extrême droite plane sur le département, et les forces politiques comme En marche, ou plus curieusement la municipalité d’Avignon, font connaître des ambitions particulières pour le département. Si les tenants du parti présidentiel comptent sur leurs amis restés socialistes pour voter en leur faveur lors de l’élection du président, la maire d’Avignon soutient, elle, l’idée d’avoir des candidats représentant les intérêts de sa ville.

Christophe Coffinier

Notes:

  1. en 1992, 1998 et 2011, Régis Deroudhile, Jacques Bérard, et Claude Haut, ont été élus présidents « au bénéfice de l’âge », suite à une égalité de représentants gauche et droite. Il en sera de même pour Maurice Chabert en 2015.
  2. Gauche Démocratique & sociale
  3. L’Aide Sociale à l’Enfance est un service du département qui a pour mission de mener en urgence des actions de protection en faveur des mineurs en danger.
  4. Rassemblement du peuple français
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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.