Les Éditions Au Diable Vauvert fêtent le 8 mars à leur manière avec une sélection d’autrices « classées » en cinq catégories : « les Pionnières », « les Afroféministes », « les Pétroleuses », « Les corps fracturés » et « Les corps libres ».
Si, en tant que femme, vous ne supportez plus que l’on vous offre des roses sous prétexte que c’est le 8 Mars, si vous ne confondez pas une supposée « journée de la femme » avec la journée internationale pour les droits des femmes, si vous ne croyez pas que les conquêtes sociales ou féministes tombent du ciel mais sont bien le fruit de luttes, alors les parutions de la maison gardoise (comme son nom l’indique) Au Diable Vauvert vont certainement faire votre bonheur. Cette semaine ou plus tard, peu importe.
Quel que soit votre genre, sans jeu de mots, on y trouve des romans graphiques, des témoignages, des essais, des romans, un recueil de poésies écrit par les autrices du Diable Vauvert…Même que la maison d’édition appelle ça « une ordonnance ».
Déjà, Les Soeurs Brontë à 20 ans, astucieusement sous-titré « Au nom du père, du frère et de l’esprit », ça s’annonce plutôt bien pour cet ouvrage écrit par un professeur de lettres, Stéphane Labbe, qui enseigne en Bretagne. Dans cette même série, on trouve un Colette à 20 ans, un Marguerite Duras à 20 ans signé Marie-Christine Jeanniot et un George Sand à 20 ans de Joëlle Tiano. Chez les « pétroleuses », on pourra lire Pollen, un roman de Joëlle Wintrebert, ou Maul de Tricia Sullivan, une sombre histoire de virus qui a exterminé « la quasi totalité de la population mâle de la planète » (ça fout les jetons quand même), de monde sans pitié où des gangs de filles s’entretuent. Ou Les Morues de Titiou Lecoq qui commence par un hommage à Kurt Cobain. Sans oublier une B.D. co-signée Virginie Despentes (texte) qu’on ne présente plus et Nora Hamdi (dessin), Trois étoiles, sur laquelle l’éditrice Marion Mazauric ne tarit pas d’éloges : « Le travail de Nora Hamdi dans le traitement du dessin et de la couleur fait preuve d’une audace et d’une liberté totales en contestant le modèle esthétique du « joli » corps, joli nu, jolie fille pour mieux exprimer la réalité et la beauté urbaines ».
Côté « afroféministes » éditées par Au Diable Vauvert, Morgan Parker qui mêle univers des médias, féminisme et Pop Culture affirme qu’« il n’y a pas que Beyoncé » et Angela Davis (les anciens se souviennent de ses démêlés avec la justice des États-Unis dans les années 1970) s’interroge sur le thème « La prison est-elle obsolète ? » dans un essai qui rappelle que plus de deux millions d’Américains sont aujourd’hui derrière les barreaux. Angela Davis aborde un sujet rarement dévoilé, voire tabou : comment les entreprises font-elles profit du système carcéral ? Et analyse les mécanismes qui « conduisent à criminaliser les communautés de couleur et à désaffilier politiquement de larges franges d’électeurs dans les minorités ».
On retrouve Nora Hamdi parmi les ouvrages sur « Les corps fracturés » avec Des poupées et des anges, tout comme Tristane Banon avec Le Bal des hypocrites. Tristane Banon fut la première personne a accuser Dominique Strauss-Kahn de violences sexuelles. « Longtemps je me suis demandé ce que j’avais mal fait en 2011 pour que, n’ayant comme crime à mon actif que celui d’être la première agressée sexuelle à avoir dit « MeToo » alors que ce n’était pas à la mode, j’ai attiré les foudres d’un Français sur deux et la haine déversée par torrents de boue des plus courageux d’entre eux », écrit celle pour qui « personne ne réalise que l’Affaire, c’est juste une vie qu’on a jeté à la poubelle ». Depuis, l’affaire DSK a été suivie de bien d’autres… Heureusement, il reste « Les corps libres » au Diable Vauvert.
Morgan G.