Nous publions ici le témoignage d’une infirmière qui dénonce des conditions de travail et de soins aux patients dégradées, et qui ne se reconnait plus dans son métier.
La situation préoccupante observée au sein d’un nombre de plus en plus élevé d’établissements de santé et médico-sociaux relève que l’extension du nombre des cas de Covid est rapide et qu’elle est bien souvent consécutive à la transmission virale d’un soignant asymptomatique.
OUI !!! Certains établissements de santé et médico-sociaux font travailler leurs soignants testés positifs ou en attente de résultat, si ils sont asymptomatiques, cette décision me semble anti-déontologique !
On recommande d’envisager un maintien en poste « avec renforcement des mesures de précaution et d’hygiène » des personnels testés positifs asymptomatiques, donc non remplaçables, afin que la balance Bénéfice/Risque ne soit pas défavorable précise l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique .
Nous ne sommes pas dupes !!! L’information concernant la pandémie est souvent vulgarisée, tronquée ou fausse dans les médias et sur les réseaux sociaux. Même l’OMS (Organisation mondiale pour la santé) évoque une « infodémie » par rapport à la multitude d’informations sur le coronavirus. Il est vraiment difficile de s’y retrouver dans les vraies infos et surtout dans le quotidien que nous vivons, nous les soignants,
Nous avons en tant que soignants la responsabilité de supporter les conséquences de nos actes quand ils portent préjudice à autrui. Et actuellement, nous les supportons tous les jours car nous sommes agents testés positifs asymptomatiques, donc contagieux, obligés d’aller au contact de personnes vulnérables, pouvant contaminer non seulement les personnes soignées mais également le personnel soignant .
C’est une HONTE, sachant que beaucoup d’établissements médico-sociaux n’ont pas suffisamment de matériel, une quantité limitée d’EPI (équipements de protection individuelle). La désinfection systématique des surfaces et locaux n’est pas toujours effectuée par manque d’agents hospitaliers.
Aujourd’hui, je dénonce la gestion de la crise sanitaire qui est complètement désorganisée, occultée et censurée à bien des égards.
L’éthique bafouée
J’aimerais rappeler que l’éthique et la déontologie dans le domaine de la santé sont des questionnements permanents qui visent à déterminer comment agir au mieux dans le respect de la personne.
La posture des soignants implique autant l’humilité que la RESPONSABILITÉ dans l’acte soignant. Le débat éthique fait référence à des valeurs partagées: respect, tolérance, dignité et surtout SÉCURITÉ, PROTECTION AU PLUS FAIBLE
Je dénonce le fait que ces valeurs sont bafouées et qu’actuellement nous ne pouvons plus apporter la sécurité totale aux personnes soignées.
Je suis soignante dans une structure médico-sociale en psychiatrie et j’ai choisi ce métier pour toutes les valeurs citées ci dessus : le respect, la tolérance, la dignité, la sécurité, prodiguer des soins adaptés la bienveillance. Toutes ces valeurs étaient miennes mais aujourd’hui je ne m’y retrouve plus. Je suis RÉVOLTÉE.
La psychiatrie est également sinistrée, les coupes budgétaires opérées dans les effectifs « pour financer la charge de la dette » ont aggravé les conditions de travail des soignants et ont un impact sur la qualité de la prise en charge, en dépit de notre engagement.
Je crois qu’il faut que le public soit conscient que nous sommes manipulés et endoctrinés.
La vérité ne se trouve pas devant une télévision mais sur le terrain, c’est pour cela que je veux dénoncer ce que nous, soignants, vivons au quotidien avec une conscience professionnelle qui est mise à rude épreuve et parfois même peut provoquer un traumatisme psychologique pour certains qui ont contaminé des personnes vulnérables.
La crise sanitaire que nous vivons depuis bientôt un an est incohérente à bien des égards , illogique et complètement désorganisée.
Nous faisons, nous défaisons et nous refaisons au détriment d’une population à bout de force qu’on éloigne de plus en plus de sa famille, de ses amis et donc d’un soutien.
Véronique Lonpret
« soignante insolente qui dénonce les travers de notre époque » (dixit Boris Vian)