La réouverture des cinémas le 22 juin n’a pas pour autant signé le retour dans les salles d’un public encore angoissé par la covid à Montpellier. Une situation qui sera difficile à tenir pour les cinémas si elle venait à perdurer.
Après être restées plongées dans le noir total pendant plus de deux mois et n’avoir accueilli aucun spectateur, les salles de cinéma ont finalement pu rouvrir le 22 juin. Elles avaient toutes été fermées le 14 mars à cause de la pandémie du covid19. Si certains fidèles amateurs du 7e art étaient contents de retrouver le grand écran, le retour du public dans les salles à Montpellier reste timide.
Des cinémas presque vides
L’affluence du public est largement réduite aussi bien dans le cinéma indépendant du Diagonal que le petit cinéma d’art et d’essai du réseau Utopia. Ce dernier n’a en effet réalisé que 50% de ses entrées habituelles. Il n’enregistre que près de 500 entrées cet été contre un moyenne de 1000 à 1200 les années précédentes. Le cinéma Diagonal, lui, qui a rouvert ses portes dès le 22 juin, ne comptabilise en ce moment que 30% des entrées qu’il a fait l’an dernier sur la même période.
La crise sanitaire et la peur du virus de la covid sont évidemment les principaux facteurs de ce manque d’affluence. Le public est encore réticent à l’idée de fréquenter des endroits clos comme les cinémas malgré le respect des mesures sanitaires par ces derniers. Et la reprise est d’autant plus difficile dans une ville comme celle de Montpellier où le début de l’été et la proximité des plages ne favorisent pas non plus le retour du public dans les salles.
Pour un cinéma indépendant comme le Diagonal, cela correspond à des pertes significatives. Selon Charlie Pereniguez, le responsable d’exploitation du cinéma, elles s’élèveraient à des centaines de milliers d’euros, soit à des bénéfices réalisés sur près de deux à trois ans. Et il faudra sûrement compter autant d’années pour s’en remettre.
Il est en plus difficile de compter sur la projection de films plus grands budgets pour encourager les gens à revenir au cinéma et relancer le secteur. Beaucoup de distributeurs de films ont préféré repousser leurs sorties, bousculant les programmations. Certaines sorties ont été décalées d’un an, comme pour le blockbuster Star Wars tandis que d’autres restent encore à annoncer, à l’instar de l’adaptation en film de Mulan par Disney. Même le film Tenet de Christopher Nolan, qui devait être projeté au Diagonal à partir du 12 août, ne sera disponible dans les salles qu’à partir du 26.
Un « ciné » en plein air
Reste alors la solution de privilégier le cinéma en plein air. La seule option qui fonctionne en ce moment, selon Charlie Pereniguez. Car « les gens ont le sentiment d’être plus en sécurité ». C’est la réponse que propose le cinéma du réseau Utopia à Montpellier face à la crise. Une première projection dans le château de Grabels, où le cinéma a été invité, a déjà réuni un public conséquent autour de la Bonne Épouse, le 16 juillet. D’autres séances sont proposées avec Les parfums le jeudi 30 juillet et le documentaire Douce France le 6 août. Un projet que la directrice du cinéma, Bénédicte Battistella, trouve enthousiasmant. « Crise sanitaire ou pas ».
La 5e édition du cinéma en plein air du Diagonal a aussi été un succès. Les trois séances projetées au hall Tropisme du 9 au 11 juillet ont fait près de 2 200 entrées. Alors que dans ces salles, le cinéma ne comptabilise en moyenne que 2 000 entrées pour une semaine entière, à trente séances par jour.
Pour le responsable du Diagonal, il n’est pas pour autant question de prolonger ces séances en extérieur juste pour les prolonger. L’objectif principal du Diagonal en plein air est surtout de proposer des avants-premières aux spectateurs ou de leur faire découvrir des films marquants. « On ne veut pas faire de concessions en se disant qu’on va faire deux soirs de plus, avec des films qui seront peut-être moins forts ou qu’on a moins envie de mettre en lumière ».
Rester positif
S’il est encore difficile de vraiment mesurer l’impact que la crise sanitaire aura sur les cinémas à Montpellier sur le long terme, il est certain qu’il sera difficile pour les structures de tenir plusieurs mois avec une affluence aussi faible. Mais mis à part continuer à travailler comme d’ordinaire et rassurer la population sur la bonne mise en place des mesures sanitaires dans les cinémas, il n’existe que peu d’alternatives pour attirer les montpelliérains dans les salles.
Pour le cinéma Diagonal comme celui d’Utopia, il est donc surtout question de rester positif. Faire de son mieux pour proposer aux spectateurs une programmation intéressante et espérer que la situation s’améliorera d’ici les prochains mois.
Valentine Benech
Le hall du cinéma Utopia à Montpellier Photo DR