À Marseille, l’équipe de la candidate LR Martine Vassal propose par SMS aux habitants de son secteur de se charger des démarches au commissariat pour établir une procuration. Il leur suffit de fournir une copie de carte d’identité. C’est juste illégal.
D’habitude, pour faire établir une procuration de vote, on se rend au commissariat, devant un officier de police judiciaire qui vérifie notre identité. Mais à Marseille, certains candidats investis par Les Républicains ont proposé par téléphone d’établir des procurations sans se déplacer au commissariat, au mépris du code électoral. Ce « petit arrangement » vient d’être révélé par une enquête de France 2.
À Marseille, le second tour des municipales s’annonce tendu. Chaque voix comptera pour départager les candidats. Et depuis fin mai, des marseillais ont reçu un curieux SMS d’une des colistières présente sur les listes Les Républicains : « Chers amis, […] si certains d’entre vous souhaitent nous soutenir en votant mais ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer […] je peux prendre votre procuration de façon simplifiée (sans vous déplacer, juste par téléphone) […] et je m’occupe de tout ! ».
Une pratique illégale
Selon le ministère de l’Intérieur, contacté par l’équipe de France 2 :
« L’électeur qui donne procuration doit se présenter en personne auprès des autorités compétentes pour qu’elles vérifient son identité ».
Dans le reportage diffusé au 20H, une électrice accepte d’appeler la colistière LR pour lui demander une procuration. Au téléphone, la colistière précise sa proposition : « Absolument, je suis parmi les colistiers, et je peux m’occuper de faire pour vous une procuration. Vous m’envoyez votre carte d’identité recto-verso. Moi, je l’imprimerai, je vais remplir pour vous une procuration, et je la laisse à la permanence de Martine Vassal. Ça va vous prendre 20 secondes, vous y passez et vous avez juste à poser votre signature ».
La colistière se propose de lui trouver un militant LR qui votera à sa place. Après avoir envoyé une simple photo de sa carte d’identité, l’électrice est reçue au local de campagne de Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille.
Aucun contrôle
« Vous signez juste ici », détaille une simple militante en pointant le formulaire. Personne ne vérifie qui est l’électrice, pas même avec la copie de sa carte d’identité. « Et je n’ai rien d’autre à faire ? s’étonne-t-elle. — Non, rien d’autre. Elle insiste : On n’est pas obligés d’aller au commissariat ? — Non, on fait tout. C’est pour faciliter les votes en fait. Vous n’avez plus besoin de vous déplacer. » Pas non plus de récépissé, habituellement remis à l’électeur qui a fait une demande de procuration.
Ce jour-là, pas d’officier de police judiciaire, aucun contrôle : une simple photocopie de pièce d’identité aurait suffi à faire inscrire n’importe quel électeur du secteur afin qu’un militant Les Républicains puisse voter à sa place. Or, selon le ministère de l’Intérieur, la procuration doit être signée uniquement devant un officier de police judiciaire ou son délégué. Et « les autorités habilitées ne recueillent pas les demandes de procuration dans un local de campagne ».
Contactée, la colistière qui offrait ses services par SMS n’a pas souhaité répondre. L’équipe de France 2 interroge alors la tête de liste et candidate LR à la mairie de Marseille, Martine Vassal, sur les demandes de procurations recueillies dans sa propre permanence. « Je pense que c’est une erreur, donc je vais regarder ça de beaucoup plus près », concède la candidate. « Mais ce qui est sûr, c’est que moi je respecte les règles et la loi et je le fais systématiquement, donc je vais le regarder. » Et quand on lui demande si ses colistiers respectent les règles autant qu’elle : « J’espère bien aussi ! En tout cas ils ont tous signé une charte d’engagement : s’ils ne respectent pas les règles et les lois, ils ne pourraient pas rester sur mes listes ».
À Marseille, après les fusions entre certaines listes, le résultat final au second tour pourrait se jouer à quelques voix près.